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Chroniques De Lectures

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30 juin 2014 1 30 /06 /juin /2014 22:36

NW.jpgDans Kilburn au nord ouest de Londres, quartier "caribéen"*, pauvre, lépreux, dangereux aussi, quatre destins se croisent. Nathalie et Leah sont des amies d'enfance aux trajectoires quelque peu disjointes, Nathan s'est perdu, Felix passe dans la rue. Habitent-ils ce quartier ou ce quartier les habite-t-il ? Peut-on changer, quitter un tel endroit quand on y a grandi, partir enfin ? Quelles sont ces fibres qui ligotent les personnages à leur passé, les entrainant toujours plus loin dans le déni, la déchéance ou le mensonge des apparences. Nathalie - la jamaïcaine - a réussi, riche avocate, heureusement mariée, mère comblée, sa vie est parfaite. Sa meilleure amie Leah - la rousse -, s'est moins bien débrouillée mais vit un mariage fusionnel qui semble la combler. Régulièrement, elles se retrouvent avec leur mari respectif, dans la belle maison de Nathalie juste à quelques rues et des années lumières de Cadwell - cité de leur enfance. Mais dans l'ombre de cette amitié indéfectible, flottent les non-dits et les frustrations de toute une vie...

Lire un roman choral est toujours déroutant au départ et celui-ci ne fait pas exception à la règle. Le récit s'éparpille, les personnage s'effleurent, les techniques narratives se succèdent, courant de conscience, dialogues, flash back, première ou troisième personne, c'est agaçant enfin, presque urticant mais impossible d'arrêter. La puissance de l'écriture un peu rapeuse, souvent sordide soudain lyrique nous aspire dans un Londres ignoré, lézardé, poisseux où l'avenir s'écartèle entre espoir bling bling et passivité agressive sur fond de désenchantement, quand les rêves accomplis n'étaient pas les bons, quand à la question désespérée de Leah - Pourquoi eux, pourquoi nous ?  la réponse immuable de Nathalie - parce que nous avons travaillé plus dur, parce que nous nous sommes accrochés - résonne comme le plus vain, le plus dérisoire, des mentras. Bousculant !

Ceux du nord ouest - Zadie Smith - 2014 - traduit de l'anglais par Emmanuelle et philippe Aronso - Gallimard

PS : l'adjectif français correct serait caraïbe mais je ne sais pas, ça ne va pas ici...

english monthLu dans le cadre du mois anglais des dames Cryssilda, Lou et Titine...

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28 juin 2014 6 28 /06 /juin /2014 20:22

agatha-finger.jpgJerry Burton, jeune aviateur en convalescence après un crash - pendant la bataille d'Angleterre sans doute - se voit conseiller une convalescence tranquille dans un coin calme avec la condition explicite de s'intéresser au voisinage pour soigner ses nerfs un rien ébranlés par ses épreuves. Sa soeur Joanna et lui décident donc de louer une charmante villa dans la petite ville de Lymstock et se mettent en devoir se faire connaissance avec les notables du cru. Très vite cependant, une épidémie de lettres anonymes balaie le village, une notable se suicide et l'existence des jeune Burton en est - contre toute attente - considérablement bouleversée...

La plume empoisonnée, pour lui donner son titre français, est un de mes opus préférée de Dame Agatha (avec beaucoup d'autres, je sais) non pas tant pour l'intrigue, quoique celle-ci soit bien menée et joyeusement retorse, que pour son atmosphère si anglo-christienne. Car Lymstock est une sorte de village modèle ou l'on joue au bridge avec le notaire, sa femme, une charmante vieille fille , la soeur du médecine et tutti quanti. On y boit du thé en mangeant de fins sandwichs au concombre et de petits gâteaux tout frais. Bien sûr on bavarde beaucoup et médit souvent car telle est la nature humaine et quand le mystère s'épaissit, la femme du pasteur - fort excentrique mais de très bonne famille apprendra-t-on - n'hésite pas à faire appel à un expert, j'ai nommé la très sagace et toute fragile miss Marple. Cette dernière n'intervient d'ailleurs que très tardivement dans l'histoire - et peut être sans réelle nécessité - mais enfin cela fait toujours plaisir de la revoir et surtout de l'écouter. Ajoutez quelques morts pour pimenter, une dose de cyanure, un zeste de romance, une pincée de my fair lady, un verre de xérès et quelques discussions shakespeariennes et assaisonnez d'une petite sauce christienne. Vous obtenez un très bon moment de lecture, incroyablement confortable, extrèmement délicieux et - à mon avis - très drôle. Je connais par coeur la version française mais c'est la toute première fois que je le lis en anglais et ce fut un plaisir. Delicious !

The moving Finger - Agatha Christie - 1942

Karine l'a lu, elle aussi, pour cette LC christienne du mois anglais

english monthLu dans le cadre du mois anglais des dames Cryssilda, Lou et Titine...

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25 juin 2014 3 25 /06 /juin /2014 16:02

resquilleuse.jpgMatilda la cinquantaine, veuve de fraîche date, a tout rangé, nettoyé la maison de bas en haut, vidé les ordures. Il ne lui reste qu'à verrouiller la porte, glisser les clés sous le paillasson, empoigner son panier pique-nique et partir vers la plage dont elle n'a pas l'intention de revenir. Une façon finalement plaisante de mettre un point final à une vie devenue sans objet. Seulement rien ne se passe comme prévu pour ce dernier voyage, comme si le sort s'acharnait à l'empêcher d'agir à sa guise. Jusqu'à ce que son chemin croise - cerise sur le gâteau - l'ennemi public numéro un, le matricide dont toute l'angleterre parle et qui non seulement semble lui aussi décidé à en finir mais de surcroit pourrait bien, par maladresse, se faire prendre. Chose que que Matilda - éternelle sauveuse d'animaux perdus, ne peut sur le moment envisager de laisser faire...

La resquilleuse est le premier roman pour adulte de Mary Wesley et semble-t-il le plus sombre. Et il est vrai que Matilda, femme rongée par une culpabilité universelle et une colère qu'elle ne s'avoue pas tout à fait, est un personnage qui pour être doué d'un certain humour n'en ai pas moins tragique à sa façon ou disons tout simplement triste. Des autres personnages, on ne saura que bien peu, et toujours à travers les yeux de Matilda qui justement semble avoir une compétence particulière pour s'aveugler, rater l'important, effacer ce qui l'arrange. Mary Wesley signe ici, de sa plume piquante, un roman plus amer que doux sur le veuvage et, à l'heure des "comptes", la douleur de faire face à ce qu'on a préféré écarter toute sa vie. Poignant.

La resquilleuse - Mary Wesley - 1983 - traduit de l'anglais par Michèle Albaret

De Mary Wesley, je ne saurais trop vous conseiller la Pelouse de camomille, un de mes grands coups de coeur...

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Lu dans le cadre du mois anglais des dames Cryssilda, Lou et Titine...


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19 juin 2014 4 19 /06 /juin /2014 19:18

auberge.jpgMary Yellan, fille de fermier du sud de la Cornouaille, se retrouve seule au monde à la mort de sa mère. Ne sachant que faire, elle décidé d'obéir à la défunte et de rejoindre son unique parente, sa tante maternelle, perdue de vue depuis son mariage, plus de dix ans auparavant. Après avoir vendu ses maigres biens, elle prend donc le coche - nous sommes au début du XIXe siècle - et part pour les landes du nord où son oncle et sa tante semblent prêts à l'accueillir. Avant même d'arriver sur place cependant, Mary se rend compte que l'auberge de la Jamaïque, que tient le couple, et son propriétaire, Joss Merlyn son ci-devant oncle, ont fort mauvaise réputation. Mary n'a guère le choix mais c'est pleine d'appréhension qu'elle se présente à sa tante - fort changée -, à son oncle - plus qu'inquiétant - et s'installe dans cette auberge plus délabrée que florissante...

L'Auberge de la Jamaïque n'est pas le meilleur roman de Daphne Du Maurier. La narration manque de maitrise et son intrigue est loin d'être aussi aboutie que celle de Rebecca écrit deux ans plus tard, pour autant c'est un roman d'aventure fort agréable à lire et les thèmes que l'auteure y brasse m'ont semblé fascinants.

Tout d'abord l'évocation de la lande est superbe sous la plume de l'auteure, toute frémissante de réminiscences de romans gothiques - Emily Brontë et ses Hauts de Hurlevent ne sont pas si loin - alliant roches torturées, bruyères noires,  brouillard et sable mouvant. La lande en somme, des plus familières pour qui l'a arpentée au côté de Watson et Holmes dans le Chien de Baskerville (j'aime replacer mes chouchous).

L'intrigue elle-même est assez prévisibles pour qui connait un peu les romans d'aventure de ce temps - j'avais deviné les occupations de l'oncle Joss bien avant que Mary commence à soupçonner quoique ce soit - mais cela fait toujours plaisir de retrouver ce genre de malandrins un peu oubliés de nos jours. Ce qui est moins prévisible et même surprenant pour l'époque, c'est la tension sensuelle que Daphne Du Maurier instaure entre Mary et son oncle d'un côté et Mary et Jem de l'autre. Sans déroger vraiment à la bienséance d'un roman des années trente, les réactions de Mary devant la ressemblance - et les privautés - des deux frères, entre répulsion et fascination, sont plus qu'ambigües.

Enfin, et je crois que c'est un thème récurrent chez l'auteure, ce roman traite encore une fois - ou faut-il dire déjà - de la place des femmes dans le monde, la famille et surtout l'action. Les figures féminines de ce roman sont soit soumise et brisée - la tante Patience - soit soumise et gâtée - la femme de Squire - mais aucune n'a réellement de place, elles se définissent par leur mari et s'effacent - volontairement ? - devant lui, seule Mary tente d'agir - à bon ou mauvais escient, de garder sa liberté de choix et d'action. La proposition qui lui est faite à la fin du livre est à ce titre étrangement tournée,  "Si vous étiez un homme, je vous demanderais de venir avec moi, vous grimperiez sur le siège, vous enfonceriez vos mains dans vos poches et nous resterions ensemble aussi longtemps qu’il vous plairait." Quelle déclaration ! Est-ce Mary qui l'écoute ou Daphne qui en rêve ? Je vous laisse découvrir leur réponse. Ténébreux !

L'auberge de la Jamaïque - Daphne Du Maurier - 1936 - Traduit de l'anglais par Leo Lack - Albin Michel

PS : Je me rend compte que j'ai négligé de parler de l'intéressant vicaire d'Altarnum qui pourtant mériterait à lui seul tout un chapitre, mais ce sera pour une autre fois...

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Lu dans le cadre du mois anglais des dames Cryssilda, Lou et Titine...


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17 juin 2014 2 17 /06 /juin /2014 17:41

general-roi-daphne-maurier-L-OsaTqm.jpeg

Au XVIIe siècle Honor Harris, toute jeune fille de la gentry, impétueuse et volontaire croise le chemin de Richard Grenville, de dix ans son ainé, marin et soldat accompli, viveur, hâbleur, fort en gueule et d'une assurance ahurissante. Leur rencontre fait des étincelles - au grand dam de la famille de la jeune fille effrayée par la réputation sulfureuse dudit Richard - et leur idylle s'achève dans un drame. Quinze ans plus tard, alors que la guerre civile ravage l’Angleterre et que la Cornouaille se déclare majoritairement royaliste, leurs chemins se croisent à nouveau...

J'ai découvert Daphné Du Maurier sur le tard, alors que ses romans - très populaire dans les années cinquante et soixante, un peu oubliés depuis - étaient présents dans la bibliothèque familiale. Quoi qu'il en soit je suis passée à côté et quand j'ai découvert Rebecca, j'ai su que c'était une erreur, une gravissime erreur mais j'ignorais encore à quel point. Car ce Général du roi est une petite merveille de roman historique et un véritable coup de coeur.

Comme tout roman historique qui se respecte il nous fait revivre une époque, en l'espèce la première guerre civile anglaise qui devait mener à la prise de pouvoir par Cromwell, mais comme ne le font que les bons, il touche à l'universel en nous faisant vivre le conflit de l'arrière et plus précisément du point de vue des femmes. Ces femmes qui voient partir leurs hommes - père, mari, frère, fils et attendent, attendent, attendent encore, protégeant les enfants, cherchant de la nourriture, recueillant les blessés, craignant que l'ennemi n'apparaisse au bout du chemin et s'inquiétant encore et toujours du sort des absents. Daphné du Maurier en connaissait un rayon sur le sujet, elle qui écrivit ce roman en 1945 au sortir d'un autre conflit et le dédia à son mari - militaire de carrière - "Also a general".

Quant à la romance, on peut faire confiance à Daphne, de l'amour oui, de la passion même mais ni guimauve ni bluette - Honor voit Richard tel qu'il est - bon soldat, fin stratège et grand meneur d'hommes mais aussi cruel, arrogant, imbu de sa personne, totalement incapable d'écoute et extrêmement doué pour se faire des ennemis. Un de ses trublions qui en temps de guerre peut faire la différence mais que ni ses égaux ni ses supérieurs ne peuvent supporter.

Ainsi donc nous avons ici une guerre, une réflexion sur le sort des femmes, un amour fou et cela serait une matière fort suffisante pour un magnifique roman. Mais il y a plus, car l'auteure en profite pour rendre un vibrant hommage à la Cornouaille - sa terre d'élection - et à la propriété de Menabily - qu'elle habita longtemps, et dont elle fit le cadre principal - quasiment un personnage - de l'intrigue. C'est d'ailleurs cette propriété, qui avait déjà servi de modèle au Manderley de Rebecca, qui lui inspira l'histoire du Général du roi lorsqu'on découvrit, lors de travaux, une chambre secrète oubliée dans un de ses murs... Oui une chambre secrète, une vraie et que l'on pouvait aisément dater de la guerre civile pour une raison dont je ne vous dirai rien ici. Allez, avouez que vous voulez en savoir plus...  Coup de coeur !

Le Général du Roi - Daphne Du Maurier - 1946 - Traduit de l'anglais par Henri Thiès - Phebus libretto - 2003

Les avis de Karine et Choupynette avec qui je partageait cette lecture et qui ont aimé elles-aussi (forcément ajouterais-je...)

PS : Sir Richard Grenville est un personnage historique, un chef de guerre qui a soutenu Charles 1er puis Charles II avant d'être écarté.

PPS: Menabily appartient depuis l'origine et encore aujourd'hui à la famille Rashleigh (Daphne Du Maurier n'en était que locataire), à l'époque de la guerre civile les propriétaires en étaient Jonathan Rashleigh et son fils John dont la femme s'appelait Joan Pollexfen (les initiés comprendront, les autres lisez donc le livre).

PPPS: Nina Companeez a réalisé en 2013 une fort jolie et fidèle adaptation de ce roman - sous le même titre - avec Louise Monod et Samuel Le Bihan, transposant l'histoire en Vendée pendant la révolution française. Je conseille.

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14 juin 2014 6 14 /06 /juin /2014 17:18

jonathan-coe-la-vie-tres-privee-de-mr-sim-M47782.jpg

Mr Sim, c'est Maxwell, 48 ans, séparé depuis peu, dépressif... En cadeau de rupture, sa femme lui a laissé un billet d'avion pour l'Australie, histoire qu'il aille se réconcilier avec son père qu'il n'a pas vu depuis des lustres. Initiative qui se solde par un échec cuisant mais l'amène, pour sa dernière soirée australienne, à admirer la profonde complicité d'une mère et de sa fille qui dînent non loin de lui : épiphanie, prise de conscience, coup du lapin, on ne sait pas trop mais cette vision décide Max à changer quelquechose dans sa vie. Quoi ? Il ne sait pas trop car sa vie est remarquablement vide, sans apparemment qu'il se soit jamais demandé pourquoi, mais il va changer des choses, c'est aussi décidé que faire se peut quand il s'agit de Max. Et certes les mois à venir vont être quelque peu cahotiques pour notre Mr Sim.

J'aime Jonathan Coe, j'ai aimé sa Maison du sommeil et eu un véritable coup de coeur pour la Pluie avant qu'elle tombe mais je suis passée complètement à côté de ce roman-ci. Je l'aurais normalement abandonné mais il se trouve que la très merveilleuse et très aimée Karine avait envie d'en parler alors, pour une fois, je me suis accrochée et j'ai essayé d'évaluer d'un peu près les raisons de mon abyssal ennui. La plume de Coe n'est clairement pas en cause et j'ai même beaucoup apprécié les histoires dans l'histoire que lit Max au cours de son périple  post Australie. Non en fait ce qui pêche pour moi, c'est le personnage de Max lui-même et par là tout le propos de ce roman. Car où diable Jonathan essaie-t-il de nous emmener en nous faisant suivre le personnage le plus inintéressant de la galaxie.

Car le pauvre Max n'a pas grand chose pour lui, on pourrait lui pardonner son manque d'intelligence et d'entregent et plaindre sa profonde solitude mais pas son absence totale d'intérêt pour les autres. La dépression pourrait être une explication mais à aucun moment l'opinion des autres personnages ne nous laisse entrevoir un autre Max, moins égocentrique ou insensible. Sauf erreur de ma part, il n'envisage jamais une autre personne qu'en fonction de lui-même, ce qui explique sans doute qu'il ait pu nouer une relation aussi émotionnellement satisfaisante avec son GPS à la voix suave.

Cette relation avec Emma le GPS est d'ailleurs symptomatique, d'autres lecteurs (la plupart peut-être) ont trouvé ces passages drôles et même hilarants, je les ai trouvés pathétiques d'abord, répétitifs ensuite. Du coup faute d'un point de vue intéressant ou simplement décalé sur lequel m'appuyer, les découvertes de Max sont - en ce qui me concerne - tombées à plat, d'autant que l'auteur a cru bon de nous servir deux fois la même révélation - bon pour deux personnages différents quand même - avant de boucler l'affaire sur un twist final qui m'aurait semblé cuistre si je m'étais attachée aux personnages mais qui dans ce contexte m'est apparu comme un joyeux pied de nez illustrant sans vergogne le vide psychologique du roman. Désolé Jonathan, ce sera pour la prochaine fois !

La vie très privé de Mr Sim - Jonathan Coe - traduit de l'anglais par josée Kamoun - 2011 - Gallimard

Les avis beaucoup plus positifs de Cryssilda et Karine qui, elles, ont aimé voire beaucoup aimé dans le cas de Cryssilda.

PS : Je suis peut être insensible à l'humour de Coe ? j'avais noté dans mon billet sur la Maison du sommeil, que rien dans cet excellent roman ne m'avait semblé même un tout petit peu amusant - preuve que d'autres lecteurs l'avaient probablement trouvé drôle... à creuser !

PPS : Pourtant j'aime l'humour anglais...

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13 juin 2014 5 13 /06 /juin /2014 20:12

memento-mori.jpg

Dans les beaux quartiers de Londres, d'étranges appels téléphoniques viennent troubler la quiétude, à moins que ce ne soit pimenter la vie, d'une brochette de personnes âgées. Points communs, toutes ont plus de soixante-dix ans et toutes se connaissent et s'apprécient (ou se détestent cordialement) depuis de nombreuses années. Le propos est toujours le même : Souvenez vous que vous allez mourir ! Et chacun de réagir à sa façon, avec curiosité, courtoisie, inquiétude ou paranoïa, et chacun de se demander lequel d'entre eux s'amuse ainsi avec les nerfs des autres...

Muriel Sparks est une romancière anglaise prolifique dont j'ai souvent croisé le nom, le mois anglais m'a paru le moment idéal pour la lire enfin et disons qu'elle décoiffe un tantinet Dame Spark. Memento mori est une fable plus grinçante que comique sur le vieillissement, ses conséquences et ses effets sur les relations entre personnes. Entre Dame Lettie qui passe son temps à réécrire son testament, Charmaine effrayée par sa propre faiblesse et la dépendance qui en découle, sa nouvelle gouvernante en mal de captation d'héritage, Alec qui observe ses contemporains avec la méticulosité - et l'empathie - d'un entomologiste, Taylor, ancienne dame de compagnie de Charmaine, désormais clouée dans un lit d'hopital en compagnie d'une dizaine de vieilles dames parfois hautes en couleur et tant d'autres encore, le moins qu'on puisse dire est que nous sommes loin de la douce sérénité de la vieillesse... Dans un style sobre et efficace, Muriel Spark confère à l'environnement somme toute prosaïque qu'elle décrit la cruauté d'une danse macabre... avec un nuage de lait. Féroce !

Memento mori - Muriel Spark - 1959 - Stock 1993

PS : Un peu angoissant quand même, brrrr...

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7 juin 2014 6 07 /06 /juin /2014 14:47

quand-j-etais.gif« Le nom lui vient comme ça. Elle ne croit pas l’avoir jamais entendu. A-t-elle connu quelqu’un qui le portait ? L’a-t-elle aperçu sur un blason dans une église ? Est-il inspiré de la rivière et la belle vallée de l’Ayre qu’elle connait si bien ? Vient-il de l’air, ou du feu, peut-être ? Il y aura du feu et de la colère dans son livre, il sera en guerre contre le monde tel qu’il est. Injuste ! Injuste ! Colère visionnaire : elle est celle qui voit maintenant pour son père. Le voyeur, l’observateur, c’est elle. Jane si ordinaire, Emily Jane, le deuxième prénom de sa soeur chérie, Jane, si proche de Jeanne, la courageuse Jeanne d’Arc, Jane si proche de Janet, Jeannette, la petite Jane. Un nom qui évoque le devoir et la tristesse, l’enfance et l’obéissance mais aussi le courage et la liberté, un nom d’elfe, un nom de fée, mi-esprit, mi-chair. Lumière dans la nuit, vérité au milieu de l’hypocrisie. Le nom de quelqu’un qui voit : Jane Eyre. »

Dans la pénombre et le silence d'une chambre étrangère où son père se remet lentement d'une opération des yeux, Charlotte rêve, imagine, se souvient. Blessée par un énième refus d'éditeurs – son livre et ceux de ses sœurs encore une fois incompris. Elle se prend à imaginer une autre histoire, une autre revanche, sur son éducation sans tendresse, les deuils trop précoces, la rigidité de son père, la folie de son frère, son amour sans retour. Et Jane prend vie !

La vie des Brontë est une source intarissable d'inspiration pour les écrivains, exégètes et cinéastes en tout genre. Comment trois sœurs, filles d'un pasteur du fin fond du Yorshire, restées pour l'essentiel célibataires et mortes si jeunes ont-elles pu marquer à ce point la littérature. Parce qu'il n'était pas besoin de Jasper Fforde pour nous le dire - bien qu'il ait été fort bien inspiré d'en avoir pris la peine, le monde des livres serait différent sans Jane Eyre et les Hauts de Hurlevent. Sarah Kohler se glisse ici tour à tour dans l'esprit de Charlotte, l'ainée pragmatique, d'Emilie, l'esprit sauvage et libre, d'Anne, la petit dernière réfléchie, de leur père – tellement déçu par son fils et oublieux de ses filles et nous brosse en creux l'histoire de la naissance d'un chef d'oeuvre depuis le nom du personnage central jusqu'à son succès en librairie – un peu tard peut-être pour le bonheur des Brontë mais juste à temps pour le nôtre. Un beau roman qui fait revivre avec grâce l'ambiance d'une époque, la difficulté d'y être femme, les souffrances d'une famille et les affres de la création. Entêtant !

Quand j'étais Jane Eyre – Sheila Kohler - 2011 - traduit de l'anglais par Michèle Hechter - Quai Voltaire 2012

PS : Si vous n'avez pas compris l'allusion, courez toute affaire cessante vous offrir l'Affaire Jane Eyre de Jasper FForde et revenez me dire ce que vous pensez de Thursday Next. (D'ailleurs je m'en rends compte au moment d'insérer mon lien, il a fait l'objet du tout premier billet de ce modeste blog il y a près de huit ans de cela, si si si)

PPS : Le seul bémol avec ce livre c'est qu’on en ressort avec une brave envie de lire ou relire tous les Brontë en commençant par Jane Eyre – et après je n’avance pas dans mes lecture moi !

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4 juin 2014 3 04 /06 /juin /2014 14:01

trollope-miss-mackenzie.jpgA trente-cinq ans passé, Margareth Mackenzie se retrouve, sans préparation d'aucune sorte, libre de toute attache ou obligation, riche et sans personne dont elle doive s'occuper. Pour cette femme d'assez bonne famille mais sans grande éducation ni connaissance du monde, c'est aussi inespéré que satisfaisant. Certes elle ne compte pas vraiment se marier, le temps étant sans doute passé pour elle, mais elle espère tirer un plaisir raisonnable de ce nouveau confort qui lui échoie. Elle prend donc sous son aile une de ses nièces, histoire d'avoir quand même un être à qui se consacrer un tantinet, et quitte Londres pour s'installer dans la petite ville de Littlebath, espérant bien nouer quelques relations et mener une vie agréable. Hélas, elle sous estime grandement l'attrait que peut exercer une fortune confortable et bientôt quémandeurs et prétendants se pressent à sa porte sans qu'elle sache bien ni comment les recevoir ni que leur répondre, et ceci n'est que le commencement...

Ah quelle réjouissante lecture que ce roman, aussi acéré qu'un Austen à qui il emprunte quelques thèmes et même une scène ou deux - sans parler du clin d'oeil de Littlebath, à la limite de la farce dans la fantaisie qu'il met à épingler ses personnages - je ne crois pas qu'il en épargne aucun, aussi méticuleux qu'un traité dans la compilation qu'il fait des différents visages de la cupidité et de la convoitise. Pauvre Margareth, durement éprouvée telle une moderne Griselidis (ainsi donc Trollope lisait Chaucer) avant de peut être tirer son épingle du jeu si tant est qu'on lui laisse jouer ses cartes à elle, femme sans cesse instrumentalisée, réduite à l'impuissance et la passivité autant par ses protecteurs potentiels - mais non pas désintéressés, que par les profiteurs voire par les autres femmes qui la méprise ou la jalouse tour à tour pour ce qu'elle possède ou pas, plus que pour ce qu'elle est.

Heureusement, Trollope, tout victorien qu'il puisse apparaitre dans son opinion des femmes, aime son héroïne et en fait une femme qui, si elle ne sait pas ce qu'elle veut, sait fort bien ce qu'elle ne veut pas. Il la sauve ainsi de l'insignifiance et lui donne une personnalité attachante avec quelques moments de bravoure austéniens en diable, notamment celui où lady Ball vient exiger d'elle qu'elle s'engage à renoncer à toute velléité de mariage avec son fils (oui, oui, oui cela rappelle sans doute quelquechose à certaines). Un beau roman donc peu complaisant pour la nature humaine mais singulièrement réjouissant dans son cynisme à la fois pragmatique et romanesque mais sans sentimentalité aucune. Victorien !

Miss Mackenzie - Anthony Trollope - 1865 - traduit de l'anglais par Laurent Bury - 2010 - le livre de poche

PS : Même si la succession des demandes en mariage et la scène avec Lady Ball renvoient plaisamment à Orgueil et Préjugés, Margareth m'a surtout rappelé - toutes considérations d'âge et de fortune mises à part - la Catherine Morland de Northanger abbey innocente livrée toute crue aux pièges et vilainetés du monde.

PPS : Ceci étant mon premier Trollope, j'avoue que l'habitude de l'auteur de commenter les actions de ses personnages et d'en tirer des jugements moraux ou autres m'a quelque peu surprise mais on s'y fait bien en fait...

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Lu dans le cadre du mois anglais des dames Cryssilda, Lou et Titine...

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2 avril 2014 3 02 /04 /avril /2014 15:00

longbourne.jpgDans une maison de la gentry anglaise du fin fond du Hertfordshire, la domesticité s'échine à satisfaire la famille Bennet et ses cinq filles à marier. Mr et Mrs Hill, le majordome et la gouvernante, Sarah et Polly - femmes de chambre et filles de cuisine tour à tour - et bientôt James, le nouveau valet tissent leur propres relations dans l'ombre de leurs maîtres en tachant de ménager l'avenir et de ne pas trop redouter les changements qui risquent à tout moment de bouleverser leur vie.

Je suis un peu partagée sur ce roman. Bien entendu, en inconditionnelle d'Orgueil et Préjugés, la perspective de pénétrer à Longbourn côté office et la promesse d'un Downton Abbey chez les Bennet ne pouvaient que me séduire. Seulement si Jo Baker signe un bon roman à l'écriture fluide et explore plaisamment les conditions de vie ancillaires du début du XIXe siècle dans la campagne anglaise, elle rate un peu, pour moi, le côté austenien de la chose. Car reprendre des personnages existants, même en filigrane, a ses dangers. Les lecteurs les reconnaitront-ils ? Et là cela coince un peu, tant Sarah, le personnage central, semble peu concernée par la vie des Bennet. Malgré les heures qu'elle passe à coudre enfermée avec les filles Bennet, jamais elle ne montre le moindre intérêt pour leurs rêves et leurs projets. Possible sans doute quoique décevant mais pourquoi donc avoir situé ce roman dans une maison si universellement connue si ce n'était pour raccrocher les deux histoires ? En fait, disons-le, il pourrait se passer n'importe où.

Dans toutes les variations, réécritures et autres "What if" que j'ai pu lire - certains de bien moins bonne qualité littéraire que celui-ci - le point commun était le plaisir que prenait visiblement l'auteur à retrouver des personnages aimés - plaisir qui avait au reste attiré le lecteur. Ici, ce plaisir, s'il existe, passe pour le moins inaperçu, de là à penser que Longbourn ne fut qu'un nom destiné à appâter le chaland, il y a un pas que je ne franchirai pas mais je m'interroge. Un bon roman donc mais à l'arrière plan quelque peu décevant. Ancillaire !

Une saison à Longbourn - Jo Baker - Traduit de l'anglais par Sophie Hanna - 2013

PS : Outre certains partis pris sur la psychologie des personnages au moins discutables à mon sens - que voulez-vous je me sens de taille à discuter des personnalités de chaque personnage jusqu'aux petites heures -  Il ya d'autres petites choses qui surprennent. Pour moi déjà O&P se passe plutôt à la fin du XVIIIe qu'après 1810 mais bon, il a été publié en 1813 alors admettons. En revanche, et même si c'est un détaillounet, il n'y avait certainement pas de "sonnettes" dans le roman d'Austen et pour cause, les premières n'apparaitront que vers 1820 et il est peu probable qu'elle-même en ait jamais utilisé.

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