Coco peut être le diminutif de Corinne... ou bien de Corentin ! Et que ce passe-t-il quand Coco-Corinne se réveille avec un zizi (ou Coco-Corentin avec une zézette) mais que tout le reste reste identique - même maman, même école, même maitresse ? Enfin tout le reste c'est vite dit parce que de toute évidence, même si nos petits protagonistes se sentent tout à fait eux-même, bien des choses ont changé, à commencer par les couleurs dans l'armoire à vêtements, les bisous de maman ou... les copains.
Ce très joli livre double - il s'agit en fait de deux histoires écrites l'une par une femme, l'autre par un homme - traite de la différence, et en l'occurrence, de la plus simple de toute celle qui existe entre garçon et fille, car chaque personnage, tout en restant lui-même se voit confronter à des changements dont il n'avait jamais mesuré l'importance... ni la futilité. A cet âge où tout à coup garçons et filles ont l'impression de vivre sur des planètes différentes (distance intersidérale qu'ils se chargent d'abolir en général avant la fin du collège, je vous rassure), les filles ont droit à plus de couleurs, mais les garçons à plus de purée (car un garçon ça mange), bien répondre en classe quand on est un garçon, cela surprend la maitresse (et plus encore les copains) et jouer aux jeux vidéos en virtuose pour une fille, ça en épate plus d'un. Ah oui vraiment et pourquoi ?
Au cas où je ne vous l'aurais pas déjà révélé dans un moment d'épanchement, je suis anthropologue de formation alors pour moi la réponse est d'une évidence absolue mais bon... il semble que ce ne soit pas le cas pour tout le monde puisque certain se sont sentis offusqués, menacés, choqués (rayer les mentions inutiles), par ce petit livre au point d'insulter et de menacer à la fois les auteurs et les libraires qui le distribuent (et je vous passe les tentatives d'intimidation des bibliothécaires). Vous êtes surpris ? Moi aussi...
Car de quoi est-il question ? D'un très sympathique petit livre qui permet d'aborder de façon légère, ludique et intelligente la question de la différence et surtout de l'égalité de traitement (rien n'a voir avec une quelquonque confusion des genres) que nous appelons tous de nos voeux (me trompé-je ?) et qui est d'ailleurs inscrite dans notre constitution (article premier). Dans un registre plus léger, il m'a obligé à me poser la question du nombre de stéréotypes que j'ai moi-même inconsciemment appliqués à mes enfants (Après analyse je m'en tire plutôt bien, ouf) et c'est toujours une bonne chose de se remettre en question (mais si). Comme la censure est une chose abominafreuse dont il est bon de parler en famille, une de mes filles (17 ans aujourd'hui) a également tenu à le lire (en rigolant comme une bossue) verdict en ado dans le texte : Alors ça c'est du vécu, c'est trop trop ça ! dont act.
Le jour du slip ; Je porte la culotte - Anne Percin - Thomas Gornet - éditions du Rouergue - collection Boomerang
Ce billet s'inscrit dans le cadre de la lecture commune géante et néanmoins citoyenne organisée par Stéphie, avec les avis entre autre de cultur'elle, Jérome, noukette, leiloona, and so on...
PS : Quand j'étais petite, j'adorais le Club des cinq et, en bon "garçon manqué" que j'étais, mon personnage préféré était Claude la fille-qui-voulait-être-un-garçon. Ce personnage quelque peu subversif au début des années quarante était devenu bien innocent quelque trente ans plus tard. Evidemment ce n'était pas un petit garçon qui voulait ressembler à une fille, cela aurait choqué davantage. N'avons-nous donc fait aucun progrès dans la tolérance depuis ? O tempora, o mores comme aurait dit à peu près Ciceron...