Dans la brocante Nakano, il n'est pas fait commerce d'antiquité mais d'objets essentiellement utilitaires de l'ère Showa (disons des années d'après-guerre pour nous), entassés en un vaste bric à brac de chaises dépareillées, de vaisselles kitsh, de vieux porte-clés publicitaires et autres poèles plus ou moins en état de marche. Rien de très cher, rien de précieux, une manne pour les habitants du quartier un peu gênés, une occasion de promenade distraire pour tous.
Dans cette boutique un peu miteuse, quatre personnes un tantinet solitaires forment pendant un temps ce qui pourrait bien ressembler à une famille: Hitomi, la narratrice, jeune fille sans but ni qualification particulière s'occupe de vendre, Takeo le silencieux récupère les objets, Monsieur Nakano règne sur l'ensemble, fixant les prix, refusant les objets trop anciens, gardant un oeil sur tout. Quant à la soeur de ce dernier, Masayo, elle passe régulièrement en coup de vent, éclairant de sa fantaisie et sa bonne humeur une routine peut être un peu grise parfois. Une famille qui n'en est pas vraiment une, appelée sans doute à se dissoudre un beau jour, à moins que des liens plus profonds ne se soient finalement tissés...
J'aime le style de Kawakami Hiromi, épuré, tranquille, lumineux, il m'enchante. Certes la Brocante Nakano est plus une chronique qu'une histoire car il n'y a guère d'intrigue, plutôt une suite de tableaux tout simples, de tranches de vie qui s'agencent en ce qui pourrait bien être un roman d'apprentissage à la japonaise. Les liens se font et se défont autour d'Hitomi, l'amenant à réfléchir et à considérer le monde sinon autrement du moins avec un certain recul. Une oeuvre peut être moins aboutie que les Années douces, un de mes romans préférés entre tous, mais d'une lecture délicieuse pour qui aime goûter le passage doux-amer des jours. Serein!
La brocante Nakano - Kawakami Hiromi - traduit du japonais par Elisabeth Suetsugu - Philippe Picquier - 2005
L'avis de Bluegrey (que j'ai contaminée et j'en suis bien heureuse car comme elle vous le dirait aussi bien elle-même : il FAUT lire Kawakami Hiromi... enfin si c'est votre genre)