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Chroniques De Lectures

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11 novembre 2013 1 11 /11 /novembre /2013 20:47

Au tout début du XXe siècle, un trio de jeunes américains aventureux se lancent à la recherche d'un mystérieux pays peuplés uniquement de femmes. Chacun porté par ses fantasmes, ils ont imaginé toutes les formes que pourraient prendre une telle société, domination des hommes, sexes séparés voire mensonges institutionnels etc. la vérité se révélera totalement inattendue et changera à jamais leur vision du monde.

Herland est une utopie aux sens premiers du mot : une société idéale située nulle part. Concrètement, Gilman empreinte son cadre aux romans d'aventure en vogue à son époque - tels ceux de Henri Ridder Haggard ou Edgar Rice Burrough, et campe une vallée perdue, séparée du reste du monde par une infranchissable barrière montagneuse où - fantasme suprême - ne vivent que des femmes. Seulement loin de chercher à enrichir la littérature de genre d'une nouvelle variation autour d'aventures exotico-fantastiques teintées d'érotisme colonial, l'auteure utilise cet artifice pour camper sa société idéale. Un monde libéré des guerres et des maladies, de la pauvreté et de la peur, vu à travers les yeux de trois jeunes hommes - aussi étrangers que des martiens - totalement désorientés par les "femmes" si peu féminines qui les accueillent plutôt aimablement après une réception à la fois musclée et non violente.

Charlotte Perkins Gilman est célèbre pour son féminisme mais si la condition des femmes est au centre du roman - Van le narrateur se rendant peu à peu compte que ce qui lui semblait tout naturel dans la condition féminine n'était qu'une construction culturelle inférée par les hommes, elle aborde bien d'autres thèmes. La société qu'elle décrit est à la fois progressiste, non violente, socialiste et égalitaire. Ni classe, ni hiérarchie, ni honneur, ni argent... chacune travaille à l'oeuvre commune avec toujours en perspective l'idée d'améliorer l'efficacité et l'esthétique d'un élément de la société. La communauté et la coopération sont constamment opposées aux valeurs des hommes et notamment à celles de Terry - archétype du mâle occidental - l’individualisme et la compétition, amenant censément le lecteur - à travers les naïves questions des herlandiennes - à se poser de sérieuse question sur le bien fondée des dites valeurs. Plus intéressant encore, Gilman aiguillonne vertement traditions et religion, y opposant une vision entièrement fondée sur le rationalisme et l'efficacité - pourquoi demande l'une des protagonistes continuer à révérer des idées du passé quand nos connaissances ont tant évolué ? Une vraie remise en question du christianisme - si masculin - que je n'attendais guère dans un roman de  cette période.

Alors certes l'oeuvre reste marquée par son époque et Gilman cède un peu aux préjugés de son époque - tant qu'ils ne concernent pas les femmes - l'eugénisme et la conception de l'hérédité démangent un tantinet mais peu importe. Tel quel c'est un étonnant monument au féminisme, peut-être un peu étouffant cent ans plus tard - à Herland absolument tout doit  être utile,  les arbres ont donc tous été remplacés par des fruitiers, les animaux inutiles - les chiens - ont disparus et bien d'autres traits - mais bourrées d'idées étonnamment modernes dont certaines suscitent toujours autant d'intérêt. J'ajouterai quand même que la solution au problème purement sexuel de l'introduction de trois hommes dans un tel monde, illustre cruellement l'opinion que pouvait avoir une femme disons mûre - Charlotte était déjà divorcée et remariée quand elle a écrit ce roman - des "relations intimes" entre époux. Edifiant !

Herland - Charlotte Perkins Gilman - 1915

PS : Je ne vous ai évidemment pas révélé comment une telle société uniquement composée d'être humains de sexe féminins a pu perdurer... Vous aurez la surprise (quoique ce ne soit évidemment pas l'essentiel du roman).

PPS : Charlotte Perkins Gilman, célèbre à son époque, a eu un certain impact sur la littérature avec un renouveau dans les années soixante-dix quand son oeuvre a été exhumée des tiroirs où elle prenait la poussière. Elle a notamment écrit, à partir de sa propre expérience, ce qui doit être la première histoire d'une dépression postpartum : the yellow wallpaper. Margaret Atwood et Ursula Le Guin seraient ses admiratrices proclamées...

PPS : Herland n'a malheureusement pas été traduit à ma connaissance mais il est dans le domaine public et vous pouvez sans problème le trouver sur le net.

Bien que ce ne soit définitivement pas un roman d'anticipation, je l'ai lu dans le cadre du challenge Anticipation de Julie des magnolias avec qui j'ai partagé cette lecture et il rentre également dans le mois américain de noctenbule - coup double quoi :-)

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9 octobre 2013 3 09 /10 /octobre /2013 08:21

Dans la communauté juive hassidique de Brooklyn, il n'est pas de place pour la futilité de l'art. Lorsqu'un de ses membres, tout jeune fils d'un important émissaire du Rebbe, révèle une passion inquiétante pour le dessin, chacun est persuadé que ces puérilités n'auront qu'un temps et qu'en grandissant l'enfant saura se consacrer à l'étude avec tout le sérieux requis. Pour le jeune Ashev cependant, renoncer à son don même pour satisfaire des parents qu'il révère, s'avère une épreuve insupportable. Peu à peu, il se rend compte qu'être soi-même peut mener à des choix cruels pour lui comme pour les autres...

C'est une conversation enthousiaste avec Cécile autour de Hadassa (mon coup de coeur de l'été), de la religion en général, des traditions et du judaïsme en particulier qui m'a amené à ce livre (en fait qui a amené ce livre dans ma boite aux lettres, encore merci Cess pour ce beau présent), et quelle belle découverte ce fut. Tout d'abord pour cette plongée dans une communauté plus que jamais fermée sur elle-même dans ces années cinquante où aux souvenirs de la guerre s'ajoutent, pour ces ashkénazes originaires d’Europe de l'est, les nouvelles d'une Union soviétique aussi antisémite que la Russie tsariste. Mais aussi et surtout pour cette confrontation entre deux univers incompatibles (et pour moi aussi exotique l'un que l'autre) - celui de la famille - au sens large -, de la religion et de tout ce que Ashev connait d'un côté, celui de ses aspirations de l'autre. Des aspirations tyranniques, incontournables, obsessionnelles le contraignant à des choix qui - il le sait - susciteront incompréhension et souffrance autour de lui. Cette passion exigeante m'a souvent rappelé Corps et Âmes de Franck Conroy, autre éblouissante trajectoire d'un Wunderkind mais dans le monde de la musique. Chaïm Potok a l'art de tracer des portraits puissants, celui d'un père aimant mais incapable de comprendre son enfant, celui d'une mère déchirée entre son fils, son mari mais aussi les impératifs de sa religion qui la pousse à choisir une voie de dévouement aux autres, à la communauté. Choix que chacun attend d'Ashev et qu'il ne peut se résoudre à faire. Fascinant !

Je m'appelle Ashev Lev - Chaim Potok - 1972 - traduit de l'anglais (américain) par Catherine Gary et Fabrice Hélion

PS : Il y a une suite – Le don D'Ashev Lev, écrite dix-huit ans plus tard et qui m'appelle...

PPS : Non je n'ai jamais écrit de billet sur Corps et Âme, honte sur moi, mais lisez-le, il le vaut bien...

Je crois bien que ce livre peut s'inscrire dans le mois américain de Noctambule, comme ça tombe...

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26 avril 2013 5 26 /04 /avril /2013 18:59

Ernest, psychanalyste bon teint mais plein de doutes, se trouve fort perturbé par le changement brutal intervenu chez un de ses patients. Ce Justin, personnage des plus mous, semble tout à coup plein d'une ardeur que son analyste lui souhaitait, mais qu'il désespérait de lui voir enfin. Est-ce lui qui manque de tolérance, est-ce l'autre qui manque de recul, l'analyse a-t-elle finalement échouée et son patient est-il simplement en train de passer d'une dépendance à une autre ? Bref Ernest se pose des questions sur sa pratique, sa méthode, la vie, l'univers et le reste... et étrangement, les aléas de cette thérapie en fin de course vont avoir des conséquences d'une ampleur insoupçonnée...

Que voilà un bouquin étonnant voire particulier et même intéressant. Etrange façon de présenter les choses, j'en conviens mais cela reflète exactement ma pensée. De prime abord, tous ces personnages, (Ernest n'étant pas le seul, tant s'en faut) obsédés par l'interprétation du moindre de leur acte sans parler de ceux des autres,  m'ont sérieusement tapé sur le système. Et puis peu à peu, d'une façon que je peine encore à m'expliquer, on s'y attache ! Je me suis même surprise à redouter les problèmes que je voyais poindre pour eux au détour d'une page. Bref je me suis prise au jeu et finalement j'ai apprécié ce roman qui curieusement m'a semblé relativement exotique (mais peut être est-ce purement personnel) reflétant une époque (ou est-ce un lieu ?) obsédée par la psychanalyse et où tout un chacun se devait d'avoir son psy, autant pour la galerie que pour effectivement parler de ses problèmes. Une première rencontre avec Irvin Yalom, auteur prolifique et néanmoins psychanalyste, plutôt réussie donc. Psychanalitico-divertissant !

Mensonge sur le divan – Irvin Yalom – traduit de l'anglais par Clément Baude - 1996

PS : Mais si on peut le dire !

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26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 18:22

Kid, 22 ans, s'est réfugié avec son lézard Iggy sous l'échangeur de la voie rapide, sur une petite île de béton où s'entassent tous ceux qui comme lui n'ont plus le droit de vivre ailleurs, de l'autre côté des ponts, là où vivent les gens normaux. Oh ils peuvent y aller bien sûr, faire leur courses, éventuellement dans les poubelles, chercher un petit boulot, éventuellement avec espoir, mais y rester, dormir, s'installer c'est interdit et grâce aux bracelets qu'ils portent tous, impossible d'y couper. L'univers de Kid se résume donc à cet amoncellement de tentes, cahutes et autres cabanes fabriquées de bric et de broc, où essait de s'organiser le rebus de l'humanité. Jusqu'à la nuit où la police charge, détruit, disperse, chasse, blesse et tue parfois, histoire de nettoyer l'endroit devenu par la grace d'un media ou d'un autre officiellement indésirable. Le moment pour Kid de se demander réellement où est sa place, ou plutôt s'il lui reste une place quelquepart, ou une vie peut être...

Rassurez-vous - ou pas d'ailleurs - Russel Banks ne s'est pas tout à coup mis à la science fiction, ce roman se passe bel et bien de nos jours dans la riante Floride comté de Calusa et y suit le parcourt erratique mais également philosophique d'un de ces nouveaux lépreux de la société américaine, condamné, emprisonné puis relaché avec obligation de rester dans le comté qui l'a jugé mais interdiction de s'installer à proximité d'autres humains. Une nouvelle version de la cadrature du cercle particulièrement poignante qui épingle les dérives d'une société pétrifiée dans un tout sécuritaire hystérique mais sans laisser le lecteur s'installer dans sa bonne conscience. Car Kid comme les autres est un délinquant sexuel, ce que chacun peut vérifier en se connectant gratuitement sur internet, et qui donc, le sachant, accepterait de le laisser s'installer près de chez lui ? La prose de Banks, que je découvre avec ce roman, est aussi puissante qu'impitoyable, elle dérange, gratte, questionne et laisse le lecteur avec un goût de cendre et un grand appétit de rédemption. Perturbant !

Lointain souvenir de la peau - Russel Banks - 2011 - Traduit de l'américain par Pierre Furlan - acte sud 2012

L'avis de Cuné que je remercie pour le prêt et la découverte de l'auteur...

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3 avril 2012 2 03 /04 /avril /2012 20:07

Un an après avoir perdu sa femme dans l'attentat du 11 septembre, Gil Castle, toujours incapable de surmoter cette épreuve, décide de changer complètement de vie. Il quitte son travail, vend sa maison et accepte la proposition de son cousin d'habiter une petite maison sur le vaste ranch dont ce dernier est le propriétaire en Arizona. Là, seul avec son chien et ses livres, Sénèque principalement dans lequel il cherche consolation, retrouvant ses racines auprès d'une famille qu'il connait mal, il espère retrouver la paix loin du fracas de l'Histoire. Mais le ranch borde la frontière du Mexique, lieu de tous les trafics, et l'Histoire, celle de l'ouest dans laquelle son grand-père, Ben Erskine, a joué un rôle devenu légendaire, ne va pas tarder à le rattrapper...

Que voici un beau roman, solidement construit et bien mené, melant fort habilement la situation actuelle sur la frontière lieu de violence générée par la drogue et l'immigration et la légende de l'ouest, époque finalement pas si lointaine où cette frontière était tout au plus théorique. L'alternance des chapitres évoquant la vie de Ben Erskine et ceux mettant en scène Gil et ses cousins enveloppe ce roman de l'atmosphère sèche et poussiéreuse d'un véritable western à la fois moderne et traditionnel. Les paysages grandioses et désolés du Sud-Ouest des Etats-unis, des personnages vivants et imparfaits mais humains aussi et toujours intéressants, une intrigue à la fois familiale, policière et historique, que demander de plus ? Western !

Clandestin (Crossers) - Philip Caputo - 2009 - traduit de l'anglais par Fabrice Pointeau - le Cherche Midi 2012

Les avis de Cuné que je remercie encore de m'avoir tentée, Keisha et Clara

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11 mars 2012 7 11 /03 /mars /2012 08:00

Dans le Japon du XIe siècle, la jeune Fuji, comme toutes les filles de la noblesse, rêve de la cour, de son luxe et de ses jardins mystérieux. Pour son plaisir et celui de ses amies, Fuji invente le radieux Genji et rédige de merveilleuses histoires autour de ce prince, séducteur d'une beauté éclatante, poète accompli et amant idéal pour toutes les femmes qui ont le bonheur de croiser son chemin. Peu a peu elle amalgame aux aventures de son lumineux héros les rumeurs et les bruits qui émanent du palais. Peu à peu ses récits circulent et font parler d'elle, jusqu'à la faire pénétrer dans les lieux même qui l'ont fait rêver. Nul ne le sait encore, mais Fuji bientôt rebaptisée Murasaki est en train d'écrire le premier roman japonais...

Le dit du Genji est une oeuvre japonaise majeure et peut être le tout premier roman psychologique du monde mais on sait fort peu de chose sur son auteure. Murasaki Shikibu était dame d'honneur de l'impératrice Shoshi et a laissé, outre les récits du Genji, un journal fragmentaire et un recueil de poèmes. On connait bien quelques dates marquantes de sa vie mais c'est à peu près tout. Liza Dalby s'est donc appliquée à compléter son journal, mobilisant ses connaissances étendues du Japon de la période Heian pour faire revivre sous nos yeux une partie du XIe siècle japonais, cet âge d'or du raffinement des moeurs et des arts, la partie qu'aurait pu en percevoir une femme noble de cette époque.

Et elle parvient merveilleusement à restituer l'atmosphère feutrée, élégante, secrète de ce monde féminin. Tout est vu depuis les chambres des femmes, de derrière les écrans de soie d'où les dames font coquettement dépasser les extrémités de leurs volumineuses manches aux couleurs soigneusement choisies. Car si Fuji fait souvent allusion à la nature dans ses poèmes, il s'agit de celle qu'elle peut contempler de sa fenêtre, celle de jardins et de parcs admirablement travaillés. L'extérieur, a fortiori l'extérieur de Miyako la capitale centre de toute vie civilisée, est pour elle un ensemble de lieux effrayants, incompréhensibles et sans doute dangereux. L'essentiel de sa vie se passe dans le clos de sa chambre, harmonisant des coupons de soie, travaillant ses compositions d'encens, jouant du Koto à treize cordes, rédigeant des lettres, de délicats poèmes et les fabuleux récits du radieux Genji. Une vie bien étroite sans doute à nos yeux, même une fois introduite à la cour - sans grand pouvoir déjà à cette époque - mais riche aussi, sans doute parce que Murasaki trouve en elle et autour d'elle les ressources propres à la création, incorporant à son imaginaire ses expériences, ses fantasmes et ce qu'elle perçoit de la politique et des intrigues de cour - on a d'ailleurs supposé que la vie du régent Fujiwara no Michinaga n'était pas étrangère aux aventures du Genji dont il aurait inspiré certains épisodes.

Écrit dans une langue magnifique inspirée des journaux de Murasaki elle-même et d'autres dames de cour de la période Heian, parsemé de magnifiques poèmes waka datant de la même époque, Le dit de Murasaki est une petite merveille de délicatesse et une magnifique reconstruction historique et littéraire. L'histoire de la gestation et de la mise au monde d'une des oeuvres les plus marquantes de la littérature. Envoûtant !

Le dit de Murasaki - Liza Dalby - magnifiquement traduit de l'anglais par Bernard Hoepffner avec la collaboration de Catherine Goffaux - 2000 - Picquier 2007

PS : Maintenant je veux lire Le dit du Genji évidemment, comment résister à une oeuvre du XIe siècle.

PPS : Je ne rends pas assez justice à ce roman, lisez-le plutôt !

PPPS : Merci Tina pour ce merveilleux cadeau...

 

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17 décembre 2011 6 17 /12 /décembre /2011 08:55

A la mort de ses parents, Elizabeth Hotchkiss, tout juste dix-huit ans, a réussi à garder sa famille unie en prenant en charge ses deux jeunes soeurs et son petit baronnet de frère. Depuis elle travaille comme demoiselle de compagnie de l'atrabilaire mais bienveillante comtesse Danbury. Cinq ans plus tard cependant, les problèmes d'argent se font pressants et Lizzie ne voit plus qu'une solution pour assurer à son frère l'éducation d'un gentleman, se marier et se marier avec un homme riche. D'autant que dans la bibliothèque de son employeuse elle est tombée sur un étrange petit livre relié de cuir rouge et intitulé "Comment épouser un Marquis". Lizzie va donc tenter de suivre les règles édictées par ledit manuel en s'exerçant tout d'abord sur James Siddons, nouveau régisseur de lady Danbury et homme des plus séduisants quoique hélas trop pauvre pour prendre correctement en charge la famille d'un baronnet désargenté de huit ans. A moins bien sûr que James Siddons ne soit pas du tout celui qu'il parait être, mais bien plutôt un marquis...

Contrairement à mes charmantes et merveilleuses amies (mes jumelles de coeur pour ainsi dire), je ne suis pas si férue de romance simplement je me laisse aisément tentée et disons que pour ce roman la tentation fut trop forte. Entre Pimpi, devenue une fan absolue de l'auteure, Fashion qui a trouvé celui-ci hilarant et fort bien construit et jusqu'aux fans inconnus de Julia Quinn (car cette célèbre écrivaine de romance a de très nombreux fans semble-t-il), qui, dans un "casting idéal" des couples de l'auteure, ont attribué le rôle de James Siddons à nul autre que Matthew M., incarnation qui l'a rendu immédiatement irrésistible à mes yeux (Je sais, c'est incompréhensible pour la plus grande partie de l'humanité, mais comme dit le poète (éventuellement moldave), tous les goûts sont dans la nature), je ne pouvais résister. Et bien m'en a pris, cher lectrice (j'imagine qu'à ce moment du billet, tous les hommes ont abandonné), car à ma propre surprise, je me suis régalée !

L'action, quoique parfaitement prévisible (c'est la loi du genre) est allègrement menée, le cadre charmant, la mise en scène, si j'ose dire, du plus haut comique, les dialogues drôlatiques et les personnages bien typés et véritablement attachants (car les personnages sont ce qui pêche pour moi dans les romances, trop de clichés tuent le cliché dit-on mais à mes yeux cela ne fait que le rendre plus indigeste). Assaisonnons le tout de quelques joyeux clins d'oeil à Jane Austen (oui l'héroïne s'appelle Lizzie, elle est entêtée comme personne et va se marier fort probablement (je ne voudrais pas spoiler) au dessus de sa condition, qui donc cela peut-il me rappeler ?) et voici un cocktail romantique sauce XIXe parfaitement réussi et propre à ensoleiller de trop longues soirées d'hiver. Réjouissant !

 

How to marry a Marquis - Julia Quinn - Avon - 1999 (paru en français sous le titre "Comment séduire un marquis ?"

 

J'ajoute que ce roman boucle mon challenge, lire en VO, car c'est bien le douxième lu par moi cette année dans la langue de Will (oui il reste deux autres billets à écrire mais où donc avez-vous vu que je fais les choses dans l'ordre) et qu'il s'inscrit dans le mois anglais (justement) car bien qu'écrit par une américaine, il est tout ce qu'il y a de plus british dans l'esprit et se passe dans le Surrey. Ah !

 

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7 mai 2011 6 07 /05 /mai /2011 16:34

Quelques précisions préalablement indispensables :

1. Ce livre est un sixième tome donc certaines révélations sur les précédents sont inévitables avec toute la bonne volonté du monde...

2. Les nombreux fans des Enfants de la terre à travers le monde attendaient cette suite depuis neuf ans.

3. Je suis (justement) une de ces fans et j'ai lu et relu cette série un certain nombre (on ne ricane pas dans le fond) de fois.

Ceci étant dit, passons à la rubrique "si vous avez manqué le début". Il y a quelques 30 000 ans, une petite orpheline homo sapiens (sapiens) est recueillie et élevée par un groupe d'homme de Néanderthal (homo sapiens neanderthalensis pour les anthropologues, têtes-plates dans le roman). Devenue femme, elle quitte le clan et part à la recherche de son peuple et de celui qui pourra être son compagnon (oui il y a de la romance mais seulement à partir du deuxième tome). Les aventures d'Ayla nous plongent au coeur de la vie quotidienne rude et fascinante des hommes de la préhistoire.

Les refuges de pierre, le tome 5, racontait la première année d'Ayla chez les Zélandonis, le peuple de Jondalar son compagnon, dans une région qu'il est assez facile de reconnaître pour ceux qui connaissent le Périgord en général et la vallée de la Vézère en particuliers. Ce nouvel opus commence juste après, avec les débuts de l'initiation de la toute nouvelle maman comme shaman, initiation qui comprend entre autre un voyage vers les sites les plus sacrés de son nouveau peuple, des grottes peintes donc, d'où le titre...

En tant que fan, j'étais conquise d'avance et comme prévu j'ai disparu un temps quelque part entre le mousterien et l'aurignacien (par là). J'ai toujours beaucoup de mal à revenir quand je pars aussi loin et cela n'a pas raté cette fois, obligation de relire les tomes précédents (même pas dans l'ordre tss tss), râlage parce que les deux premiers ont disparu (mais où ?), enfin tout les symptômes habituels d'une obsédée textuelle compulsive.

Certes ce roman n'est pas parfait, tout comme les précédents il souffre de passages répétitifs et de développements un peu trop bavards. Mais ces défauts sont compensés par la précision et la finesse avec lesquelles l'auteure brode autour des connaissances scientifiques actuelles pour construire la complexité de sociétés préhistoriques potentielles et leur insuffler une vie et une crédibilité étonnantes. A la différence des précédents épisodes cependant, Le pays des grottes sacrées rassemble des évènements de la vie d'Ayla répartis sur une demi-douzaines d'années et cette construction est assez frustrante à mon sens, d'autant que soit l'éditeur soit le traducteur ont laissé passer quelques incongruités dans la chronologie qui m'ont bien agacées. J'aurais aimé aussi que les retrouvailles avec des voyageurs venus de lointaines contrées soient mieux exploitées (ceci pour titiller la curiosité de ceux qui ont lu les épisodes précédents, n'insistez pas je ne dirais rien !). Tel quel, je ne bouderai pas mon plaisir, j'ai aimé et je relirai. Un roman réservé à ceux qui ont lu les précédents tomes des Enfants de la Terre cependant, une série que je ne saurais trop vous recommander en commençant par le début, le Clan de l'ours des cavernes. Paléolithique !

 

Le pays des grottes sacrées - Les enfants de la terre tome 6 - Jean M. Auel - 2011

 

PS : Pour ceux qui se posent la question, oui Loup et les chevaux sont aussi importants que jamais dans ce nouvel opus !

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12 février 2011 6 12 /02 /février /2011 14:16

Harry White a apparemment tout pour être heureux, des parents aimants, des amis, un bon travail ou il réussit parfaitement, bientôt une femme parfaite. Pourtant Harry ne reste jamais heureux longtemps car quelquechose le ronge de l'intérieur. Sans cesse il doit chercher de nouvelles façon de juguler cette soif incompréhensible de transgression qui le rend physiquement malade, l'empêche de penser, le poussant toujours plus loin à la recherche d'un apaisement toujours plus éphémère. Souvent il croit  trouver la solution à son mal être pour replonger toujours plus profondément, tentant de plus en plus difficilement de sauvegarder les apparences...

Selby est un auteur dérangeant, j'avais lu Last exit to Brooklyn quand j'étais adolescente et j'ai retrouvé le même malaise dans ce roman, ce même côté malsain des personnages. De multiples thèmes se superposent ici, une peinture au vitriol de l'american way of life, parfaite et lisse en surface mais potentiellement gangrenée jusqu'à la moelle, une description sordide des rapports homme femme, des obsessions sexuelles et religieuses sous jacentes et par dessus tout, une description "de l'intérieur" presque clinique d'une addiction, dépendance à la peur et à l'adrénaline ici mais qui s'inspire très certainement de celle que l'auteur a connu lui-même pour d'autres substances. A moins que ces descriptions n'aient représenté une sorte de thérapie pour lui. Les périodes de tension, de satisfaction, de descente et de manque sont décrites de façon aussi physique que psychologique et sont par la même profondément dérangeantes à la limite du dégoût ou d'ailleurs largement au-delà. Il y a une puissance dans l'écriture et les personnages de Selby qui accroche, fascine et hante l'esprit du lecteur mais ne laisse pas indemne. Tourmenté !

 

 

Le démon - Hubert Selby Jr. - 1976 - Traduit de l'anglais (américain) par Marc Gibot - 10/18

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2 février 2011 3 02 /02 /février /2011 08:00

1962, Jackson Mississipi, une petite ville bien tranquille où il fait bon vivre. Pour les familles blanches qui en ont les moyens, il est bien entendu obligatoire d'avoir une bonne noire qui entretient la maison, fait la cuisine, élève les enfants et de préférence évite d'utiliser les mêmes toilettes que la famille. En un mot, tout va pour le mieux dans un monde où chacun reste à sa place. Ailleurs dans le pays, le mouvement pour les droits civiques s'agite, un jeune pasteur noir commence à fédérer autour de lui, mais tout cela semble si loin du Mississipi.

Aibileen aime profondément la toute petite fille de ses employeurs mais pleure en secret son fils mort par négligence, Minny a du mal à garder une place malgré ses talents de cuisinière, incapable qu'elle est de garder profil bas, Skelter, elle, vient d'une vieille famille blanche et aisée mais à son retour de l'université, elle ne retrouve pas la douce Constantine qui l'a élevée depuis sa plus tendre enfance. Entre ses trois femmes que tout sépare, l'âge, le caractère et la condition, va se nouer la plus improbable des amitiés, improbable, interdite et dangereuse !

La couleur des sentiments, The help en anglais comme le  livre que ces trois femmes vont écrire ensemble sur la vie des bonnes noires du sud, est un roman magnifique, profond, riche, complexe, drôle parfois, triste et même dur sans jamais tomber dans le manichéisme, le pathos ni le sordide. Personne n'est parfait dans cette histoire, ni les noirs, ni les blancs, quoique certains soient particulièrement gratinés. Le ressentiment et la souffrance ne rendent pas forcément noble comme l'aisance ne rend pas systématiquement insensible. La peur mine les relations, peur viscérale de la violence, peur de voir les choses changer, peur de la différence tout simplement. Mais ce livre dégage aussi gaité et  chaleur humaine, celle de ces femmes, de leur amitié, de leur solidarité, de l'amour véritablement filiale qui se tisse avec les enfants qu'elles élèvent, et d'un appétit de vivre qui tient bon devant les épreuves et sait même en rire parfois. Les personnages sont tous merveilleusement campés, qu'on les aime ou non, et on a bien du mal à les quitter quand la dernière page se tourne. Superbe !

 

La couleur des sentiments - Kathryn Stockett - 2009 - traduit de l'anglais (américain) par Pierre Girard - Editions Jacqueline Chambon, Actes Sud, 2010

 

L'avis de Cuné (que je remercie pour son prêt), d'Amanda, de Fashion, choupynette, Anjelica, Joelle et beaucoup d'autres...

 

PS : J'ai testé pour vous la recette de poulet frit que Minny tente d'enseigner à Célia... grand succès !

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