Certains se sont longtemps levés de bonne heure, moi j'ai longtemps cru être une extraterrestre. Depuis toujours, je suis une enthousiaste éclectique, j'aime les livres, les films, les musées, les personnages littéraires, le théatre que sais-je encore et en ces matières mes goûts vont du plus kitsh au plus sérieux sans vraiment d'ordre de préséance, au gré de mes humeurs. Je pratiquais le bovarysme avant même de le savoir. Aujourd'hui comme hier je marche au plaisir et au plaisir seul, qu'importe si celui-ci est représenté par Choderlos de Laclos ou Léo Malet, par Georges Lucas ou Shohei Imamura.
Enfant, tout allait bien, à part le fait que je lisais trop et ne passais pas assez de temps dehors, on me laissait tranquille, merci mes parents. Mais adolescente et surtout étudiante, les choses ont commencé à se gâter, je lisais trop pour certains mais mes lectures n'étaient pas assez choisies pour les autres, quelqu'un capable d'apprécier des chefs d'oeuvres ne pouvait décemment pas se revendiquer d'Agatha Christie ou pire de science-fiction, horreur malheur. Pour le cinéma, j'ai entendu de tout, depuis les remarques sur mon goût pour les "vieux trucs en noir et blanc" jusqu'à l'accusation de "supporter l'impérialisme américain" dont Star Wars était le fer de lance. Véridique je n'invente rien. Le reproche le plus rigolo qu'on m'ait fait étant d'accorder trop d'importance aux images. Trop d'importance aux images, Grand Tolkien, sans les images à quoi bon aller au cinéma, je vous le demande ? Alors je suis resté persuadée d'être un être étrange égaré dans un monde fait pour d'autres*.
Et puis vinrent les blogs. Vous dirais-je mon sentiment le jour où par hasard je suis tombé sur un sondage bloguien intitulé Ranger ou Morelli ? Inutile, je cru défaillir. Aujourd'hui j'aime toujours les comics, films ou séries télés pleins de super héros en costume, les romans anglais, le space opéra, la littérature médiévale, Stephen Jay Gould, Philip Roth et Janet Evanovitch. Je suis toujours capable d'éclater de rire en lisant dans le métro, de tomber d'un canapé parce que le grand Will chasse la sorcière à coup d'expelliarmus sous les yeux d'un docteur sans nom, de regarder nonstop les trois épisodes du Seigneurs des anneaux en version longue ou de lire trente fois Pride and Prejudice dans l'année. Je peux toujours sautiller sur place à l'idée d'un cinquième Mercy Thompson, gambader vers un cinéma qui passe une daube romantique quelquonque ou couiner de bonheur à l'idée de lire Beowulf et l'Edda - ah non dans ce cas là il faut parler d'asphyxie mentale pardon dame Isil! Seulement maintenant je sais que je ne suis pas seule dans l'univers. C'est donc avec ravissement et exubérance que j'adopte aujourd'hui d'un clic allègre, la superbe charte concoctée de concert par mon estimée cyberjumelle et la non moins glamourous Bookomaton : longue vie à l'enthousiasme !
Les trois logos so hype pour le même article, la classe !
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* à une ou deux exceptions près, que personne ne s'énerve...