Je suis une enfant de Spirou ! Pas le héro, le journal ! quand j'étais haute comme trois pommes, j'allais tous les mardi acheter le spirou de mon père... J'adorais cette mission et j'adorais lire le magasine... Les seules autres bd que je connaissais à l'époque devaient être les Asterix. Ensuite j'ai lu pif, le journal de tintin, pilote (de vieux exemplaires dépareillés bien souvent) et plus tard les albums. Les bandes dessinés font partie de mon enfance au même titre que la bibliothèques rose ou Albator.
Des classiques que j'ai dévoré jusqu'à destruction intégrale (les astérix familliaux n'ont pas vraiment résisté à ma ferveur juvénile), j'en ai racheté beaucoup. Outre Astérix, j'ai accumulé pratiquement tous les Tintin, Lagaffe, Lucky Luke, Valérian, Yoko Tsuno etc. (Partager la vie d'un amateur de BD recèle certains avantages). Et parmis ceux que je relis le plus souvent, il y a les aventures de Blake et Mortimer de Edgar P. Jacobs. J'ai lu un jour que le monde des fanas de bd se partageait entre tintinophiles et jacobsiens. Si c'est le cas je dois être jacobsienne ! D'où la biograpie du jour...
Edgar P. Jacobs a commencé à dessiner pour la BD pendant la guerre aux approches de la quarantaine. Il oeuvre d'abord dans le journal "Bravo" puis sous la houlette d'Hergé qu'il assiste notamment sur le diptyque du "Mystère de la licorne" et plus encore sur celui des "7 boules de cristal" et du "Temple du soleil" ! Ces grands espaces, ces décors "pharaoniques" si détaillés... Oui ! Il y a un peu de Jacobs dans ces vignettes... En 1946, Hergé lance le journal de Tintin et la même année commence la parution du "Secret de l'espadon", la première aventure de Blake et Mortimer. Suivront "Le mystère de la grande pyramide", "La marque jaune" et "SOS métérores" pour ne citer que mes préférés. Edgar mourra en 1987 sans avoir achevé la huitième aventure de ses héros. Aujourd'hui chacune d'elle a valeur de classique et d'autres dessinateurs et scénaristes poursuivent les aventures des deux héros les plus britanniques de la bande dessinée belge : Benoit et Van Hamme d'abord puis Juillard et Sente créent des oeuvres d'excellente qualité dans la continuité du maître.
Cet essai retrace toute la vie de Jacobs son enfance, ses études d'arts, son métier de baryton à l'opéra de Lille et plus tard son amitié puis sa rivalité avec Hergé. Mais ce que j'ai vraiment apprécié ce sont les analyses détaillées de chacune de ses oeuvres, leur génèse, leur histoire, leurs références cinéphiliques, littéraires, érudites et... lyriques. Un bon livre bien documenté au style peut être un peu alambiqué parfois mais passionnant !
La damnation d'Edgar P. Jacobs - Benoit Mouchart & François Rivière - Seuil Archimbaud - 2003