En voulant résilier son abonnement à un magazine, Emmi tombe par hasard dans la boite électronique de Leo. Il la prévient, elle s’excuse, fin de l’histoire. L’adresse de Leo reste cependant en mémoire quelque part car plusieurs mois plus tard, il reçoit un message de bonne année, message groupé limite affligeant de banalité et répond. Il répond comme Léo sait répondre : c’est drôle, un rien acide et largement hors du banal. Piquée, Emmi rétorque et de fil en aiguille, une relation se noue, drôle, décalée, de plus en plus absorbante, de plus en plus passionnée jusqu’à ce que nos deux épistoliers, car c'est bien un roman épistolaire par e-mails dont il est question, se retrouvent bel et bien amoureux. Seulement Emmi est mariée et tous deux redoutent le passage au réel tout en sachant pertinemment qu'une telle relation virtuelle ne peut durer indéfiniment… Et que faire quand on ne veut, quand on ne peut, ni continuer, ni arrêter ?
Quel délice ce roman, tout d’abord le rythme des messages, parfois des mois se passent entre eux, parfois des jours, des semaines ou des secondes, m'a un rien déboussolée. Mais très vite je me suis prise au jeu de Léo et Emmi, j’ai ronchonné quand ils tournaient en rond, frémi quand ils semblaient sur le point de franchir une étape, applaudi à certains messages et les pages se sont mises à tourner toutes seules jusqu’à me laisser hors d’haleine à la dernière phrase, en quête d’éventails, de sels, et de tout ce dont les cœurs sensibles ont toujours usé pour se remettre de leurs émotions. Sincèrement j’y ai cru à cet échange, les personnages me sont apparus, dans leur relation, aussi attachants qu'étonnement plausibles, hésitations, peurs et emballements compris. Une petite merveille de finesse et de sensibilité, humour et émotion en prime. Que du bonheur !
Quand souffle le vent du nord - Daniel Glattauer, 2006 - traduit de l'allemand par Anne-Sophie Anglaret (Gut gegen norwind), Grasset 2010
PS : Il semble que les lecteurs-fans allemands aient plus ou moins forcé l'auteur à donner une suite à cette histoire, suite non encore traduite à l'heure où je vous écrit...
PPS : Pourtant la fin du roman est tout bonnement magnifique !
PPPS : mais je la lirai quand même cette suite... en français.
L'avis (enthousiaste) de Cuné, celui (tout aussi enthousiaste) de Fashion , celui de Cels qui a pleuré, ceux plus retenus d'Emeraude et de Cathulu...