Dans le Londres huppé de la fin du XIXe siècle, le très jeune Dorian Gray fait la connaissance de deux hommes qui vont transformer sa vie. Le premier, Basil Hallward peintre épris d'absolu, est fasciné par la beauté de Dorian et insiste pour réaliser de lui un portrait qu'il considère comme son chef d'oeuvre. Le second, lord Henry Wotton, dandy cynique et esthète, semble plus attiré par le pouvoir que représente la beauté éphémère du jeune homme. Sous son influence, ce dernier en vient à souhaiter que son portrait puisse vieillir à sa place quand lui profiterait à jamais des libertés la jeunesse...
En 1889, un éditeur américain réunit le temps d'un dîner Oscar Wilde et Arthur Conan Doyle et obtint de chacun d'eux la promesse d'un roman à paraitre dans son tout nouveau Lippincott's Monthly Magazine. Ainsi virent le jour le Portrait de Dorian Gray et le Signe des quatre et si ce dernier - oeuvre de commande un peu vite expédiée - est loin d'être le meilleur Holmes, le Portrait, unique roman d'Oscar Wilde, n'est pas non plus, à mon sens, sa meilleure oeuvre.
J'étais persuadée d'avoir lu à l'adolescence l'histoire de ce maléfique portrait - énième avatar du pacte faustien - mais après relecture j'en viens à en douter. L'avais-je réellement lu et depuis oublié tout ce qui pouvait me déplaire ou à force de relever références et citations avais-je imaginé ma lecture ? Le mystère restera entier mais le fait est que cette fois, le plaisir ne fut pas sans mélange.
Certes, le style d'Oscar est bien là avec son incroyable virtuosité pour les dialogues et les aphorismes étincelants. A croire que ce Portrait n'est là que pour fournir des citations à tous les esprits un tant soit peu irréverencieux. Certes les personnages des deux "mentors" de Dorian sont des plus intéressants - mention spéciale à Lord Henry et son irresistible cynisme - quant à l'idée de départ, elle est fascinante. Mais pour autant, le traitement ne m'a pas séduite. Car aligner les aphorismes aussi piquants soient-ils ne suffit pas, au bout du compte, à tisser une histoire qui se tienne. il peut même en résulter un côté bling bling quelque peu usant à la longue. D'autant que les envolées lyrique de Dorian, sans aucun doute d'une haute portée philosophique quant au rapport entre esthétique et morale, m'ont plus que lassée par leur nombrilisme et leur auto-apitoiement. J'ai bien conscience que ce texte est codé d'une façon qui m'échappe en partie pour contourner la censure morale de la société victorienne, mais même en le sachant, j'ai eu du mal à apprécier. Reste de bien belles phrases, qui comptent sans doute parmi les mieux ciselées de l'histoire de la langue anglaise ; pour cela il sera beaucoup pardonné au dandy des dandys et moi je continuerai de lire ses contes, ses nouvelles et ses pièces car son talent de dialoguiste me séduit bien plus que ses tirades philosophiques. Intéressant (tout de même) !
Le portrait de Dorian Gray - Oscar Wilde - traduit de l'anglais par Vladimir Volkoff -1890
Lu dans le cadre du mois anglais organisé par Titine et Lou et de la LC Oscar proposée par copine Cryssilda (comment cela encore elle ? ben oui c'est mon coach billet ce mois-ci, remerciez-la) (oui je sais Oscar Fingal O'Flahertie Wills Wilde est irlandais mais il est aussi londonien comme son roman).
PS : Et pour le plaisir, quelques réponses à la vie, l'univers et le reste par lord Henry Wotton
- What of Art?
- It is a malady.
- Love?
- An Illusion.
- Religion?
- The fashionable substitute for Belief.
- You are a sceptic.
- Never! Scepticism is the beginning of Faith.
- What are you?
- To define is to limit.”