Mattia et Alice sont des jumeaux de cette sorte. Pourtant ils se sont reconnus dès l'adolescence mais les blessures secrètes qu'ils gardent de leur enfance, les condamnent à une solitude souvent recherchée, toujours subie. Tout en ressentant profondément qu'ils ne sont eux-mêmes qu'ensembles, ils laissent sans cesse le silence les séparer ! De l'enfance à l'âge adulte, Mattia et Alice souffrent d'absence sans jamais se l'avouer, à moins que ce manque de l'autre ne soit que la projection d'autres douleurs plus anciennes, plus enfouies.
D'une certaine façon ces deux personnages sont trop perdus dans la solitude pour qu'on puisse réellement s'attacher à eux et pourtant leur histoire nous happe, nous fait souhaiter qu'une porte s'ouvre enfin dans les cercles opaques qu'ils ont tissés pour maintenir le monde à distance. Souvenirs, ressentis, blessures, les personnages sont disséqués, exposés sous nos yeux avec une précision quasi chirurgicale, dans un style épuré et puissant qui va droit au coeur en laissant peu de place à l'espoir. Premier roman et prix Strega 2008, la solitude des nombres premiers est un roman obsédant et poignant qui reste longtemps présent à l'esprit. Beau et triste !
La solitude des nombres premiers - Paolo Giordano - 2008 - traduit de l'italien par Nathalie Bauer - Seuil
Un grand merci à Suzanne de Chez-les-filles et aux éditions du Seuil qui m'ont fait ce beau cadeau.
L'avis de Hathaway