29 septembre 2010
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Peut-être que tout a commencé le jour où Sydney Orr, convalescent flageolant, est entré dans une papeterie pour acheter un carnet bleu, très solide, fabriqué au Portugal. Peut-être. C'est bien ce jour-là en tous cas, qu'il s'est remis à écrire, l'histoire d'un éditeur trentenaire qui quitte sa vie en emmenant un manuscrit avec lui, La nuit de l'oracle, récit des malheurs d'un homme affligé du don de prévoir l'avenir. Mais écrire n'est-ce pas justement influer d'une façon ou d'une autre sur nos actes à venir ?
Je pensais être définitivement fâchée avec Paul Auster, depuis ma piteuse expérience avec la trilogie new-yorkaise dont je garde un souvenir gluant d'ennui. Et bien non ! Je me suis laissé séduire par ce vertigineux exercice de style, emboîtement d'histoires gigognes dont les thèmes se répondent autour d'un écrivaillon en devenir, sous l'aura tutélaire d'un auteur vieillissant mais reconnu dont le nom se trouve être l'anagramme d'Auster. Une belle réflexion sur les liens que tissent, volontairement ou non, les auteurs entre les mondes fictifs de leurs oeuvres voire entre vie réelle et créations littéraires. Inspirant
La nuit de l'oracle - Paul Auster - 2003 - traduit de l'américain par Christine Le Boeuf pour Acte Sud - 2004
PS et non, je ne parle pas toujours de Tolkien... oups ça m'a échappé !
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Roman américain
17 septembre 2010
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Le jour de ses quarante ans, madame Wu, femme d'un riche gentilhomme chinois, décide de trouver une concubine à son mari et de se retirer dans un endroit tranquille de l'immense maison de famille. Son devoir envers son mari et sa famille accompli, elle se sent enfin libre de se consacrer à elle-même. Sa décision va profondément et irrémédiablement bouleverser la vie de ses proches...
Quand j'étais adolescente, j’ai lu et relu Pearl Buck. Je ne connaissais cependant pas encore ce roman et c'est avec grand plaisir que je me suis plongé dans l'existence complexe d'une riche famille chinoise vue de l'appartement des femmes. La première partie du roman m'a beaucoup plu, madame Wu, femme d'une autre époque, sait user avec délicatesse des armes à sa disposition pour obtenir précisément ce qu'elle pense lui être dû. En un mot c'est une manipulatrice convaincue mais sa sincère volonté d'agir pour le bien de chacun et son intégrité en font un personnage attachant, même lorsque sa vision trop étroite ou égoïste sème la désolation autour d'elle. Sa rencontre avec un religieux occidental cultivé et excentrique est tout d'abord bien traitée, montrant comment une pensée différente permet à madame Wu d'acquérir une vision plus personnelle, moins stéréotypée des autres et d'elle-même. Mais l'auteur se perd ensuite dans l'expression d'une spiritualité trop sirupeuse à mon goût et le dernier tiers du roman en pâti nettement, l'histoire perdant en intensité et l'écriture en rythme. Ceci étant, le pavillon des femmes est une belle lecture qui fait magnifiquement revivre sous nos yeux un monde aujourd'hui disparu. Délicat !
Pavillon de femme - Pearl Buck - 1946 - traduit de l'anglais par Germaine Delamain
L'avis de Choupy que je remercie pour son prêt...
PS : Pearl Buck, prix nobel de littérature 1938, est la première femme a avoir reçu le prix Pullitzer pour La terre chinoise (un très beau souvenir de lecture).
PPS : Il semble qu'elle soit considérée en Chine comme un auteur principalement chinois. Après tout, cette fille de missionnaire a non seulement vécu une grande partie de sa vie en Chine mais aurait, dit-on, appris le chinois avant l'anglais...
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Roman américain
12 novembre 2009
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Dans les années soixante-dix, une adolescente un peu solitaire, un peu perdue, un peu livrée à elle-même du fait des absence répétées de son père, un diplomate d'un certain renom, découvre dans la bibliothèque dudit un étrange livre d'ou s'échappe une enveloppe pleine de lettres jaunies. ce livre lui-mère est entièrement vierge sauf une gravure de dragon en double page avec un seul mot imprimé: Drakula. Cette découverte va l'entraîner peu à peu dans une enquête à la limite du rocambolesque. Car son père ne peut être que fou de croire en de telles choses, c'est la seule explication rationnelle, toute autre solution serait véritablement par trop effrayante...
Je suis un peu partagée au sujet de ce livre... Pour dire la vérité je l'ai beaucoup apprécié, l'histoire est prenante, les différentes enquêtes qui se croisent et se complètent sur trois générations, après un début un rien lent, se révèlent après le premier quart du roman, aussi passionantes que rythmées et bien difficiles à reposer. J'ai positivement adoré tous les épisodes qui, semble-t-il, ont parfois lassé d'autres lecteurs, c'est à dire les nombreuses recherches en bibliothèques à travers la Roumanie, la Bulgarie, et la Turquie à la recherche de vieux parchemins, chansons folkloriques, légendes, récits de voyage ou témoignages divers concernant l'histoire de Vlad Tepesc, souverain de la Valachie du XVe siècle, ennemi irreductible de l'empire Ottoman et qui sait, peut être inspirateur bien réel voire vivant du fameux romancier Bram Stoker... un vampire
? mais un historien qui se respecte peut-il réellement croire aux vampires ?
Mon seul vrai bémol est que l'auteure n'a jamais cru bon de préciser ses sources, voir d'expliquer la part de réalité et d'invention dans son roman en particulier quant aux différents cadres qu'elle met en scène et c'est une chose qui m'agace prodigieusement dans un roman historique. Par exemple, un monastère pyrénéen occupe une place relativement importante dans l'histoire, comme je connais un peu, je sais qu'elle s'est inspirée pour créer son Saint Mathieu du site de Saint Martin du Canigou avec sans doute un peu de Saint Michel de Cuxà (sites dont je vous recommande la visite toutes affaires cessantes au demeurant mais cela n'a strictement rien à voir)... Bon j'aurais préféré qu'elle en choisisse un seul mais baste après tout pourquoi pas, seulement ce n'est jamais précisé en note ou postface et du coup je m'interroge sur les lieux et dates que je connais moins. En quoi l'auteur a-t-elle pris des libertés avec l'histoire de la Valachie, de la Bulgarie ou de l'empire Ottoman que je connais mal? je ne le sais pas et comme je le disais plus haut, cela m'agace.
Un bon roman donc, prenant et enlevé avec quelques bonnes pincées d'action, un zeste de fantastique, beaucoup d'histoire et une belle variation sur le mythe du Vampire originel mais avec aussi un petit parfum de frustration en ce qui me concerne. Passionant tout de même !
L'historienne et Drakula - Elizabeth Kostova - traduit de l'anglais (Amérique) par evelyne Jouve - 2006 
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Roman américain
12 octobre 2009
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1964, Jun Nakashima, autrefois star du muet, est contacté par un jeune journaliste qui semble à la fois bien connaître sa carrière et le cinéma muet, chose rare 40 ans après l'avènement du parlant. D'abord embarassé et bousculé, le vieil acteur voit bientôt s'ouvrir devant lui des perspectives dont il ne rêvait plus. Mais bientôt des questions resurgissent avec insistance de son passé, et tout d'abord pourquoi diable a-t-il arrêté de tourner en pleine gloire plusieurs années avant l'effondrement du muet ? pourquoi a-t-il coupé tous les ponts avec ses anciens amis ? Que cache donc le long silence du vieil homme ? Le premier attrait de ce roman est sans conteste la plongée qu'il nous offre dans l'histoire du cinéma muet d'Hollywood, évoquant à la fois le langage visuel et poétique de cet forme d'art aujourd'hui méconnu, ses relations avec la société californienne des années 10 et 20 où la xénophobie envers les japonais est toujours sous jacente et tend à s'aggraver, quelques futurs grands noms hollywoodiens qui jettent les bases de ce qui deviendra un empire, et surtout le cinéma lui-même qui balbutie et s'invente un peu plus à chaque bobine! L'autre attrait pour moi fut sans aucun doute le rythme et la construction du récit, tout en lenteur, méticulosité et flashbacks, au rythme de cet homme de 73 ans que l'on pense au départ victime de circonstances funestes et qui révèle peu à peu les failles de sa personnalité avant de se voir offrir un ersatz de thérapie accompagnée peut-être d'un début de rédemption.
Un beau roman qui aborde en douceur autant la nostalgie et les regrets que la soif de reconnaissance et les faiblesses qu'elle entraine avec toujours, au centre de tout, le muet et ses étranges images animées. Envoûtant.
Si loin de vous (The Age of Dreaming) - Nina Revoyr - traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Bruno Boudard - 2008 - Phébus (2009)
Les avis de bluegrey, Stephie, Amanda, Anne, Cathulu, Delphine
PS - Merci à Suzanne de chez les filles qui excusera j'espère ce délai de lecture inhabituel dû à mes retards d'été. PPS - J'ai fait, depuis cette lecture, tout un tas de recherches sur le muet et je ne désespère pas de pouvoir me régaler de certains films, ma culture à cet égard étant quand même des plus réduite : Chaplin, Harold Loyd, Laurel et Hardy, Murnau et Lang je pense, c'est à peu près tout. Ce qui me fait penser que je reverrais bien Metropolis, quelqu'un le possèderait-il par hasard dans sa dvdthèque ?
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Roman américain
27 juin 2009
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1804, le Révérend et Mrs Austen accompagnés de leurs filles Jane et Cassandra projettent un séjour à Lyme Regis, modeste lieu de villégiature en bord de mer dont la digue de pierre (le cobb) servira plus tard (!) de décor à une scène clé de Persuasion. Leur arrivée est malheureusement perturbée par un grave accident de coche, de chaise de poste exactement. Cassandra blessée, Jane doit courir chercher du secours en pleine tempête et découvre une maison plutôt inhospitalière au propriétaire plus qu'ombrageux... A partir de là les évènements s'enchainent, entre deux tasses de thé et la rédaction des Watsons, Jane est entraînée dans une complexe histoire mélant trafics en tous genres, contrebandiers, naufrageurs, meurtres et autres émois plus... romanesques. Comme de raison, je ne pouvais que céder aux sirènes d'une série qui met en scène ma très chère Jane comme héroïne et enquêtrice tout à la fois et ce fut une expérience charmante. L'intrigue est bien menée, le style passablement inspiré de celui d'Austen, les détails savoureux et les références plus ou moins marquées aux romans et personnages de l'auteure amusants et souvent bien vus. Le parti pris assumé d'imaginer la façon dont la vie à pu inspirer l'oeuvre est éminément sympathique même si parfois Stephanie Barron se laisse un tantinet emporter. La mère de Jane Austen est ici par trop inspirée de Mrs Bennett et ne correspond guère à l'idée que je me fais de l'impressionante Mrs Austen qui forte de la supériorité sociale de sa propre lignée exerça un grand ascendant sur sa famille en général et ses filles en particuliers et ce, tout au long de leur vie. Cette réserve mise à part (et comment ne pas pardonner à une telle admiratrice d'un de mes auteurs favorits) cette lecture me fut rafraîchissante et la fréquentation d'une Jane décidée et perspicace fort agréable, sans parler du très séduisant pendant de Mr Darcy, Geoffrey (oui Geoffrey !) Sidmouth qui n'est pas mal non plus. Distrayant ! Jane Austen et le révérend - Stephanie Barron - 1997 - le masque, collection Labyrinthes - Traduit de l'anglais par Corinne Bourbeillon L'avis de Clarabel et de Chimère. PS : le quatrième de couverture de mon exemplaire est celui d'un autre roman, Jane Austen à Scargrave manor, premier opus de la série traduit un an après celui-ci, Tolkien doit savoir pourquoi... PPS :
La série compte aujourd'hui, sauf erreur, neuf épisodes tous traduits et parus en français dans la collection Labytinthes/Le Masque lecture effectué dans le cadre du Challenge Jane Austen et du thème du mois du club Lire et délire, un roman avec un personnage réel inside ! (ce qui s'appelle faire une pierre deux coups)
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Roman américain
12 avril 2009
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A 17 ans, enceinte de sept mois et la tête pleine de rêves de vraies maisons "sans roues", Novalee, seule au monde depuis quasiment toujours, part pour la Californie et une nouvelle vie avec son petit ami. Seulement celui-ci l'abandonne en cours de route, sans un sous, sur le parking d'un supermarché. Totalement perdue, Novalee décide de rester sur place, se cache et survit dissimulée dans le magasin jusqu'à son accouchement qui va changer sa vie du tout au tout. Plus ou moins adoptés par quelques marginaux locaux, la jeune mère et son bébé vont apprendre à grandir e
nsemble...
Une fois plongée dedans, je ai lu ce roman d'une traite, assez peu aimable avec qui m'interrompait. Il aurait pu facilement tomber dans le pathos, le misèrabilisme ou le rêve américain et bien non ! Billie Letts a su éviter ses écueils et nous conter simplement une histoire parfois triste et même terrible, parfois joyeuse et émouvante, un beau roman d'apprentissage dans l'Amérique profonde.
Je dois bien l'avouer, je suis très sensible à l'idée d'être abandonnée sur un parking, une de mes grandes peurs d'enfant. Aujourd'hui encore, je suis incapable d'aller jeter quelquechose sur une aire d'autoroute sans prendre mon sac, des fois que la voiture ait disparu à mon retour. Je me suis donc volontiers attachée à Novalee et à ses compagnons de route, tous un peu blessés, un peu bancals. J'ai apprécié cette aspiration désespérée à construire quelquechose qui dure dans cette petite ville ravagée à intervalles réguliers par les tornades de l'Oklahoma. Une bien agréable lecture qui m'a rappelé par certains côtés l'arbre aux haricots de Barbara Kingsolver. Prenant !
La petite voix du coeur - Billie Letts - 1995 - Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Thierry Arson - Belfond
Ce livre est le choix de Doriane pour la chaîne des livres initiée par Ys, Hathaway, Stephie et fashion l'ont aimé elles aussi... Il vole maintenant vers Isil !
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Roman américain
19 décembre 2008
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"Je suis peut-être assise ici, à la maison de retraite de Rose Terrace, mais dans ma tête, je suis là bas, au café de Whistle Stop, en train de déguster une assiette de beignets de tomates vertes"
Mrs Cleo Threadgoode, Juin 1986 Ninny, 86 ans, se prend d'amitié pour Evelyn qui l'écoute parler sans impatience. Evelyne s'ennuie d'abord mais elle a l'habitude, sa vie n'est qu'un vaste ennui. Et puis peu à peu, elle se prend au jeu. La voix de Ninny, devenue son amie, fait revivre pour elle un monde disparu, des femmes, des hommes morts pour la plupart depuis longtemps et qui lui semblent pourtant plus vivants que tous ceux qu'elle croise jour après jour. Du début du XXe siècle jusqu'à la fin des années 80, ce roman se présente comme une bien jolie chronique du sud profond. Dans une petite ville d'Alabama, les gens ont appris à s'arranger de tout, de la gare de triage qui donne vie et travail à la communauté, de la ségrégation qui est la règle, de la pauvreté qui sévit pendant et après la grande crise mais aussi de la famille, de l'amitié, de l'amour fut-ce celui de deux femmes et de la chaleur de l'entraide dont le foyer se trouve dans ce fameux café sans nom où l'on peut déguster les plus délicieux beignets de tomates vertes pour accompagner le plus goûteux des barbecues - tout le secret est dans la sauce !!! Ce roman est un pur moment de joie servi dans une langue pétillante et légère. L'histoire pourrait pourtant être douce-amère voire carrément triste mais elle distille en fait une vitalité pleine de gaité à peine teintée de nostalgie. La construction éclatée permet de partager les joies et les peines des habitants de Whistle Stop sans tomber dans un pathos facile mais en mettant en valeur ce qui rend les principaux personnages si attachants : une joie de vivre inébranlable et contagieuse. Que du bonheur ! Un énorme merci à Anjelica qui nous a tellement fait l'article du film et du livre lors de la dernière rencontre Lire et délire que je n'ai pas pu résister, les avis-coups de coeur de Fashion, de Karine,
Beignets de tomates vertes - Fannie Flagg- 1987 - Traduit de l'anglais (américain) par Philipe Rouard - J'ai lu 1992
et pour le plaisir, la bande annonce du superbe film de Jon Avent avec Katie Bates et Jessica Tandy (1991)
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Roman américain
28 octobre 2008
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Qu'est-ce qui lie Alma, une adolescente new yorkaise, Léopold, un très vieil immigré polonais et Zvi qui signa un livre en espagnol trente ans plus tôt... La solitude, les origines et surtout, surtout un livre... L'histoire de l'amour. Alma y cherche sa vérité, elle qui fut prénommé d'après le personnage principal, Léopold le pense perdu depuis longtemps comme tout le reste, Zvi l'a publié. Tous sont juifs, tous sont seuls, tous ont trop perdu... L'un son fils après avoir perdu sa famille et son amour, l'autre son père et perd peut être sa mère au quotidien, le dernier a tout laissé jusqu'à son intégrité et sa langue. L'un d'eux est mort il y a longtemps, les deux autres cherchent... une réponse, une présence, une certitude peut être... Ce roman dense et complexe est un hymne à la littérature seul repère solide dans ce monde ou l'espoir n'est qu'illusion. Les personnages sont immensément attachants, écorchés vifs, abominablement tristes, étonnamment humains dans leur solitude. Alma collectionne les techniques de survie pour se rapprocher de son père mort, pendant que sa mère se noie dans le deuil et son frère dans une version très littérale de la judaïté. Léopold met tout en oeuvre pour être vu, exorcisant sa grande peur de mourir sans que personne ne s'en aperçoive. Il y a bien un point de convergence à leurs quêtes solitaires mais peuvent-ils réellement le découvrir ? Un très beau roman foisonnant et bousculant qui nous laisse fugacement espérer que tout n'est pas fait en vain ! L'avis de Chiffonette qui me l'a si gentiment prêté, ceux de Fashion, Emeraude, Papillon et Clarabel.
L'histoire de l'amour - Nicole Krauss - 2005 - traduit de l'américain par Bernard Hoepffner - Gallimard
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Roman américain
28 juin 2008
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Directeur de la collection "Développement personnel" d'une maison d'édition de bonne taille, Edwin de Valu se voit, en pleine réunion, contraint par son patron de boucher un trou urgent dans le catalogue automne hiver de la dite maison... Visité par l'inspiration Edwin vend à son patron le lourd manuscrit qu'il vient de balancer à la corbeille quelques instants auparavant, un livre dit-il qui « apportera le bonheur à quiconque le lira. Il aidera à perdre du poids et à arrêter de fumer. Il guérira la dépendance au jeu, à l’alcool et à la drogue. Il permettra aux gens de trouver l’équilibre.» Ce que ni Edwin ni personne ne pouvait imaginer c'est que ce livre puisse vraiment fonctionner... Or c'est le cas ! En quelques mois, le monde se met à trembler sur ses bases. L'industrie du tabac est la première à s'écrouler, rapidement suivie par celles liées à l'alcool, le fast food ou autres substances nocives. Tout le monde est heureux sauf Edwin qui a le sentiment d'avoir laché la peste sur terre. Je suis partagée sur ce livre. je l'ai pourtant trouvé bourré de bonnes idées et de trouvailles réjouissantes. La caricature qu'il fait du monde de l'édition, et en particulier de la manne du développement personnel, est tout à fait délicieuse. L'idée centrale du livre qui promet de vous rendre heureux en vous débarassant de toutes vos addictions et mauvaises habitudes et qui y réussit est en soi excellente.
Mais d'un autre côté, Will Ferguson est resté pour moi trop constament à la surface des choses, s'égarant dans des péripéties brouillonnes et négligeant des questions autrement plus fascinantes. J'aurais aimé par exemple qu'il creuse l'attitude d'Edwin face à la "contagion"... lui qui a pourtant lu Le Livre et qui depuis doit se forcer à fumer, résiste systématiquement aux sirènes du bonheur programmé, d'accord mais pourquoi ?
Une petite déception donc pour un livre dont j'attendais peut être trop.
Les avis beaucoup plus enthousiastes de Katell, que je remercie pour son
, Cuné, Florinette, Tamara, celui plus réservé de Loupiote Bonheur marque déposé - Will Ferguson - 2002 - Belfond 2003 - traduit de l'anglais par roxane Azimi.
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Roman américain
27 mars 2008
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J
e m'attends toujours à avoir du mal avec la littérature américaine. J'hésitais donc depuis fort longtemps à lire Jim Harrison. J'avais peur de me retrouver engluée dans une noirceur qui m'est plus rebutante qu'autre chose. Et bien j'avais tort, j'avais grand tort : quel style, grand Tolkien, quelle puissance ! Légendes d'automne est le titre d'une des trois longues nouvelles qui composent le recueil. J'avais vu le film il y a longtemps et je fus d'abord assez étonnée qu'il soit l'adaptation d'une nouvelle. Sans le savoir j'avais mis le doigt sur ce qui m'a le plus fascinée chez Harrison, cette extrème consision du style qui dit tant en si peu de mots. En quelques pages il plante le décor, donne vie et corps à des personnages et des situations d'une profondeur hallucinante. C'est un conteur c'est entendu mais comment fait-il pour que des personnages qui finalement n'ont vécu que quelques pages existent à ce point ?
Prenons la première nouvelle Vengeance : le thème en est archibateau, un homme sans identité est laissé pour mort dans le désert. Recueilli par de bons samaritains il va revivre pour se venger ou peut être trouver une rédemption, un thème récurrent semble-t-il chez Harrison. En quelques lignes l'auteur enrobe de chair ce squelette narratif pour en faire une sorte de perfection stylistique... un véritable tour de force.
La seconde est tout aussi classique, à la suite d'une rupture, un homme qui a apparemment tout réussi remet en cause l'intégralité de son existence et renaît d'une certaine façon en abandonnant tout derrière lui. Là encore un thème qui a un petit goût de déjà vu mais non ! Le questionnement de ce personnage devient le nôtre, s'exerce sur des thèmes différents, autrement et ce narrateur campé en quelques pages prend une place et une profondeur inattendue.
Quant au dernier récit, le plus abouti sans doute, il est fort connu. Pendant la première guerre mondiale, trois frères du Montana décident de s'engager dans les contingents canadiens. Leur famille en restera profondément marquée, mais est-ce réellement la guerre qui a changé les choses ou ces hommes portaient-ils en eux leur destin. Une merveille de concision et de profondeur, dans le style le plus pur qui soit...
Pour tout dire Harrison est l'homme qui écrit une saga en 150 pages... époustouflant !
Merci Tina pour ce cadeau et cette découverte...
Une interview passionante accordé par Jim harrison au magasine Lire en 2004 ici
Légende d'automne - Jim Harrison - 1979 - traduit de l'anglais par - Robert Laffont 2004 (10/18)
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