Paris, 1885, la célèbre demi-mondaine Clara Saint-James vient de perdre son riche protecteur. Les dernières volontés de ce dernier l'amène à faire la connaissance d'un jeune médecin métisse, Victor Dupuy, à qui feu son amant destinait une importante somme d'argent. Incertaine de son avenir et quelque peu isolée dans son bel hôtel particulier, c'est vers lui que Clara se tourne lorsque son jeune groom disparaît alors que des cadavres de jeunes garçons vidés de leur sang se multiplient dans les cimetières parisiens...
Patricia Parry aime les feuilletonistes du XIXe - ô joie, je les adore aussi et ce roman fourmille de clins d'oeil et d'allusions sans parler de sa construction qui mêle extraits de feuilleton à sensation (justement), articles de journaux et points de vues des personnages. Quel plaisir de retrouver la plume alerte de l'auteure de L'Ombre de Montfort, son intérêt pour l'histoire, sa passion de la médecine et sa fascination pour la différence. Dans le truculent Paris de la toute fin du XIXe siècle, les péripéties s'enchaînent à un rythme enlevé mêlant haute bourgeoisie, journalistes à la petite semaine, feuilletonistes peu recommandables, gamins délurés, lieux de débauche et laboratoire discret de l'Hôtel Dieu avec en fil conducteur la solitude de ces deux réprouvés d'une société hypocrite. L'une s'est élevée par le demi-monde - et puis c'est une femme et qu'est-ce qu'une femme sans naissance dépourvue de protecteur, l'autre, bien que descendant d'un héros de l'empire tel le très célèbre Dumas, a le teint trop foncé pour être honnête. Au départ on se dit que ces héros sont peut être un tantinet trop parfaits mais l'auteure sait tisser sa toile et peu à peu se dessinent des personnalités plus complexes qu'attendu, une savoureuse galerie de personnages secondaires et une intrigue retorse bien apte à nous faire savourer - si je puis dire - les contradictions et les turbulences d'une époque aussi violente que haute en couleur. Saignant.
Sur un lit de fleurs blanches - Patricia Parry - Le Masque - 2012
PS : J'ai beaucoup aimé le ressort de l'intrigue et la façon dont il sert de révélateur à la stupidité des préjugés fondés sur la peur. Mais je n'en dirais pas plus, ce serait mal, ce serait spoiler !
PPS: Patricia a également publié deux enquêtes d'Antoine Le Tellier mêlant passé et présent, Petits Arrangements avec l'infâme et Cinq Leçons sur le crime et l'hystérie mais selon ma mauvaise habitude je ne les ai pas chroniqués, shame on me ! Cela dit, le présent opus m'a plu d'avantage encore !
PPS : Par contre je n'apprécie pas beaucoup les changements typographiques aux changements de narrateur, mes yeux saignent ! Mais bon c'est du détaillounet !