Mr Sim, c'est Maxwell, 48 ans, séparé depuis peu, dépressif... En cadeau de rupture, sa femme lui a laissé un billet d'avion pour l'Australie, histoire qu'il aille se réconcilier avec son père qu'il n'a pas vu depuis des lustres. Initiative qui se solde par un échec cuisant mais l'amène, pour sa dernière soirée australienne, à admirer la profonde complicité d'une mère et de sa fille qui dînent non loin de lui : épiphanie, prise de conscience, coup du lapin, on ne sait pas trop mais cette vision décide Max à changer quelquechose dans sa vie. Quoi ? Il ne sait pas trop car sa vie est remarquablement vide, sans apparemment qu'il se soit jamais demandé pourquoi, mais il va changer des choses, c'est aussi décidé que faire se peut quand il s'agit de Max. Et certes les mois à venir vont être quelque peu cahotiques pour notre Mr Sim.
J'aime Jonathan Coe, j'ai aimé sa Maison du sommeil et eu un véritable coup de coeur pour la Pluie avant qu'elle tombe mais je suis passée complètement à côté de ce roman-ci. Je l'aurais normalement abandonné mais il se trouve que la très merveilleuse et très aimée Karine avait envie d'en parler alors, pour une fois, je me suis accrochée et j'ai essayé d'évaluer d'un peu près les raisons de mon abyssal ennui. La plume de Coe n'est clairement pas en cause et j'ai même beaucoup apprécié les histoires dans l'histoire que lit Max au cours de son périple post Australie. Non en fait ce qui pêche pour moi, c'est le personnage de Max lui-même et par là tout le propos de ce roman. Car où diable Jonathan essaie-t-il de nous emmener en nous faisant suivre le personnage le plus inintéressant de la galaxie.
Car le pauvre Max n'a pas grand chose pour lui, on pourrait lui pardonner son manque d'intelligence et d'entregent et plaindre sa profonde solitude mais pas son absence totale d'intérêt pour les autres. La dépression pourrait être une explication mais à aucun moment l'opinion des autres personnages ne nous laisse entrevoir un autre Max, moins égocentrique ou insensible. Sauf erreur de ma part, il n'envisage jamais une autre personne qu'en fonction de lui-même, ce qui explique sans doute qu'il ait pu nouer une relation aussi émotionnellement satisfaisante avec son GPS à la voix suave.
Cette relation avec Emma le GPS est d'ailleurs symptomatique, d'autres lecteurs (la plupart peut-être) ont trouvé ces passages drôles et même hilarants, je les ai trouvés pathétiques d'abord, répétitifs ensuite. Du coup faute d'un point de vue intéressant ou simplement décalé sur lequel m'appuyer, les découvertes de Max sont - en ce qui me concerne - tombées à plat, d'autant que l'auteur a cru bon de nous servir deux fois la même révélation - bon pour deux personnages différents quand même - avant de boucler l'affaire sur un twist final qui m'aurait semblé cuistre si je m'étais attachée aux personnages mais qui dans ce contexte m'est apparu comme un joyeux pied de nez illustrant sans vergogne le vide psychologique du roman. Désolé Jonathan, ce sera pour la prochaine fois !
La vie très privé de Mr Sim - Jonathan Coe - traduit de l'anglais par josée Kamoun - 2011 - Gallimard
Les avis beaucoup plus positifs de Cryssilda et Karine qui, elles, ont aimé voire beaucoup aimé dans le cas de Cryssilda.
PS : Je suis peut être insensible à l'humour de Coe ? j'avais noté dans mon billet sur la Maison du sommeil, que rien dans cet excellent roman ne m'avait semblé même un tout petit peu amusant - preuve que d'autres lecteurs l'avaient probablement trouvé drôle... à creuser !
PPS : Pourtant j'aime l'humour anglais...
Lu dans le cadre du mois anglais des dames Cryssilda, Lou et Titine...