Matilda la cinquantaine, veuve de fraîche date, a tout rangé, nettoyé la maison de bas en haut, vidé les ordures. Il ne lui reste qu'à verrouiller la porte, glisser les clés sous le paillasson, empoigner son panier pique-nique et partir vers la plage dont elle n'a pas l'intention de revenir. Une façon finalement plaisante de mettre un point final à une vie devenue sans objet. Seulement rien ne se passe comme prévu pour ce dernier voyage, comme si le sort s'acharnait à l'empêcher d'agir à sa guise. Jusqu'à ce que son chemin croise - cerise sur le gâteau - l'ennemi public numéro un, le matricide dont toute l'angleterre parle et qui non seulement semble lui aussi décidé à en finir mais de surcroit pourrait bien, par maladresse, se faire prendre. Chose que que Matilda - éternelle sauveuse d'animaux perdus, ne peut sur le moment envisager de laisser faire...
La resquilleuse est le premier roman pour adulte de Mary Wesley et semble-t-il le plus sombre. Et il est vrai que Matilda, femme rongée par une culpabilité universelle et une colère qu'elle ne s'avoue pas tout à fait, est un personnage qui pour être doué d'un certain humour n'en ai pas moins tragique à sa façon ou disons tout simplement triste. Des autres personnages, on ne saura que bien peu, et toujours à travers les yeux de Matilda qui justement semble avoir une compétence particulière pour s'aveugler, rater l'important, effacer ce qui l'arrange. Mary Wesley signe ici, de sa plume piquante, un roman plus amer que doux sur le veuvage et, à l'heure des "comptes", la douleur de faire face à ce qu'on a préféré écarter toute sa vie. Poignant.
La resquilleuse - Mary Wesley - 1983 - traduit de l'anglais par Michèle Albaret
De Mary Wesley, je ne saurais trop vous conseiller la Pelouse de camomille, un de mes grands coups de coeur...
Lu dans le cadre du mois anglais des dames Cryssilda, Lou et Titine...