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Rosamond est morte, elle a laissé à Gil, sa petite nièce, le soin de transmettre quelques cassettes audio à une certaine Imogen. Ces enregistrements ont visiblement été réalisés juste avant sa mort, près d'un buffet bien fermé abritant un verre ayant contenu du whisky et un flacon de tranquillisants.
Faute de retrouver la destinataire des cassettes, une jeune aveugle dont elle n'a qu'un très vague souvenir, Gil décide de les écouter un soir, en compagnie de ses filles. Fascinées les trois femmes vont découvrir une Rosamond inconnue et une histoire familiale dont elles n'avaient aucune idée...
Ceci étant mon tout premier roman de Jonathan Coe, je ne saurais le comparer aux précédents - il parait qu'il est fort différent - en revanche, je peux vous dire que ce fut un vrai coup de coeur ! La construction est fascinante, Rosamond, s'adressant à une aveugle, choisit en effet de décrire minutieusement vingt photos qui lui rappellent des moments clés de son existence. Vingt instantanés qui mis bout à bout dessinent avec une grande finesse trois vies de femmes, trois vies blessées qui, selon elle, trouvent leur raison d'être dans l'existence même de la jeune fille aveugle qui est censée écouter l'histoire, celles de sa mère, de sa grand-mère, ... et la sienne avec en contrepoint bien sûr celle de la narratrice, cette cousine qui dut lui paraître une grand tante.
L'auteur nous compose ici une histoire résolument féminine, où les hommes - qu'ils soient pères, frères, maris ou compagnons - ne jouent jamais que les seconds rôles. Évitant de tomber dans le pathos grâce à sa narration fragmentée, il tisse son récit de nostalgie et de regrets mais traités avec cette distance dénuée de sentimentalisme que les anglais savent si élégamment insuffler à leurs récits. Poignant !
La pluie avant qu'elle tombe - Jonathan Coe - 2009 - traduit de l'anglais par Serge et Jamila Chauvin - Gallimard
Un grand merci à Gaëlle qui m'a fait ce beau cadeau