Journal de lecture plutôt fourre-tout : des livres encore des livres pour tous les âges et tous les goûts... Vous êtes chez YueYin
Une jeune française traverse un bras du mékong, accoudée à la rambarde d'un traversier. Vêtue d'une robe légère, de sandales dorées et d'un chapeau d'homme, elle a quinze ans. Un peu à l'écart un homme la regarde, assis dans une luxueuse limousine noire, il est chinois. Entre eux, une histoire va se tisser, une histoire interdite, faite de désir, d'argent et peut être d'amour.
Depuis le film de Jean-Jacques Annaud tout le monde a cette image en tête quand il s'agit de l'amant pourtant ce point de départ n'est qu'une introduction et il est question de bien autre chose dans ce court roman autobiographique. De quoi exactement, voilà la difficulté. Duras plonge dans ses souvenirs d'apprentissage, de transgression, de famille, elle mèle les époques, les personnages, revient sans cesse aux deux pôles de son récit, sa famille et l'homme de Cholen, ou plutôt la jeune fille qu'elle était à cette époque dans ce monde révolu de l'Indochine française. Non qu'elle s'attarde sur le décor d'ailleurs, son intérêt est ailleurs dans l'esprit des cette adolescente qui devenait une autre, qui devenait l'écrivain du roman.
J'avais déjà lu l'amant vers vingt ans, je n'avais pas aimé mais cette histoire m'était resté en tête... longtemps. Je pensais qu'une relecture me permettrait de mieux apprécier Duras et bien non. Je retrouve exactement le même ressenti, l'histoire me fascine, cette plongée dans un passé qui semble appartenir à une autre personne tout en étant le sien, cette relation transgressive mais pourtant étonnamment douce, cette famille dure à la limite de la folie, tout me plait sauf une chose et de taille l'écriture. J'ai lu qu'elle était magnifique, évocatrice, audacieuse... Elle est surement tout cela, je ne saurais dire, je déteste. Ces phrases qui n'en sont pas, ces enroulements sans fin de propositions tronquées, ces répétitions tirebouchonnées, m'ont constament agacée - pourtant j'aime assez l'oralité habituellement mais ici le mélange ne prend pas pour moi, le côté lancinant est bien là mais lassant et sans charme... Alors est-ce que j'ai aimé le livre disons, comme la première fois moitié oui moitié non, mais je ne suis pas sûre de lire autre chose de Duras. Définitivement !
L'amant - Marguerite Duras - 1984 - Les éditions de Minuit
PS : Sauf si ma fille m'oblige à lire Le ravissement de Lol V Stein, sous prétexte qu'elle l'a étudié et qu'il faut que je le lise pour qu'elle puisse m'en parler. Les enfants !
Lu dans le cadre de la chaine des livres (tolkien sait pourquoi mon logo a disparu) organisée par Yspaddaden et lecture commune avec Isil, c'était le choix de Bluegrey (sorry ma blue, je n'ai pas autant aimé que toi)