
Ce roman m'a mis profondément mal à l'aise, l'histoire est racontée par Frankie elle-même qui voit beaucoup de choses mais les comprend à sa façon ou refuse simplement d'y penser. Seulement le lecteur lui interprète les signes beaucoup plus rapidement qu'elle ce qui crée une empathie très destabilisante avec la mère de l'adolescente. En tous cas c'est ce que moi j'ai ressenti. L'écriture puissante de Joyce Carrol Oates vous englue dans une atmosphère poisseuse d'angoisse, terrifiante, ou les personnages courrent au drame, le savent, mais sont impuissants à changer quoi que ce soit.
On sent la critique sous la plume acide de l'auteur, critique d'un manque de transparence, d'un manque de communication et d'honnêteté entre proches, d'une passivité devant l'innacceptable au nom de l'apparence, de la lacheté, d'une soi-disant protection des enfants. C'est bien fait, puissant, efficace, pour autant je ne peux pas dire que j'aie réellement pris du plaisir à cette lecture, un peu trop noire probablement pour moi. Je pense cependant que des adolescents le percevraient différemment, leur identification allant plutôt à Frankie qu'à sa mère. Glaçant!
Zarbie les yeux verts - Joyce Carrol Oates - 2003 - Gallimard Scripto - à partir de 13 ans
Lu dans le cadre du club lire et délire, le thème du jour "un auteur à l'honneur : Joyce Carol Oates"