Gerhard Selb est un privé, un vieux privé qui commence à peiner dans les escaliers et traine comme un boulet son passé de procureur sous le IIIe Reich. Pour lui, qui en a vu de toutes sortes, une affaire est une affaire et il faut bien vivre mais quand un homme lui demande de retrouver sa fille dans des circonstances peu claires et qu'il flaire une embrouille potentiellement dangereuse pour la jeune femme, Selb refuse de fermer les yeux. L'enquête va peu à peu dériver dans des eaux troubles, melant terrorisme et corruption, jusqu'à mettre sa liberté et peut être sa vie (voire celle de son chat Turbo) en danger...
Après mes précédentes et heureuses expérience avec Schlink dans Le liseur, Le retour et Week end, Nanne m'a conseillé de lire les polars qui ont fait sa renommé Outre-rhin et elle a eu bien raison car j'aime définitivement le style de cet auteur. Ici pas de suspens haletant, pas de rebondissement toutes les dix pages, relativement peu d'action et de sang mais une enquête sombre, décousue, trainant parfois en longueur, s'égarant, revenant, s'étirant le long d'une année au rythme des découvertes, des rencontres ou des atermoiements de Selb. Les recherches de ce dernier se mêlent à sa vie, ses amitiés, ses souvenirs, dans une Allemagne en apparence calme et tranquille mais où couvent encore de douloureux souvenirs. Un livre plus roman que polar sans doute, avec des personnages complexes, perturbés mais plutôt attachants, ce qui ne va pas de soi avec Schlink. Séduisant !
Un hiver à Mannheim (Selbs Betrug) - Bernard Schlink - Traduit de l'allemand par Patrick Kermann et revu par Olivier Mannoni - Gallimard, Série Noire - 2000
PS : Mais pourquoi ce titre (en français), alors que l'histoire s'étire autour d'un été ?
PPS : J'ai déjà un autre Selb dans pal évidemment !