Moi : Maman s’il te plait.
Maman : Hazel, tu n’es plus une petite fille. Il faut que tu te fasses des amis, que tu sortes de la maison, que tu vives ta vie.
Moi : dans ce cas, ne m’oblige pas à aller au groupe de soutien. Achète-moi plutôt une fausse carte d’identité pour que je puisse aller en boite, boire de la vodka et prendre de l’herbe.
Maman : Pour commencer, l’herbe ne se « prend » pas.
Moi : Tu vois, c’est le genre de trucs que je saurais si j’avais une fausse carte d’identité.
Maman : tu vas au groupe de soutien. Point final.
Hazel a seize ans et son principal souci - si on excepte la bouteille d'oxygène qu'elle doit trimballer partout pour pouvoir respirer et quelques autres "petites choses" dans son état de santé - est cette volonté de sa mère de l'envoyer participer à un groupe de soutien pour survivants du cancer. Groupe par définition déprimant voire hypocrite voire ennuyeux voire tout à la fois selon elle. Pourtant elle y va car comme "La seule chose qui craint plus que crever d’un cancer à seize ans, c’est d’avoir un gosse qui crève d’un cancer", sa mère a droit à des égards. Elle est comme ça Hazel, rebelle à toute forme d'apitoiement mais lucide et aussi anti-politiquement correcte que possible. Et finalement ce n'était peut-être pas une si mauvaise idée, parce que dans ce groupe ordinairement si terne, survient Augustus...
Comment se fait-il que j'ai lu un livre pareil vous demandez-vous, alors que j'évite les livres tristes avec des ruses de sioux ? La faute à Cécile vous répondrais-je (j'écris comme je veux d'abord) ! Son billet et les extraits du roman m'ont séduite et hop elle me l'a envoyé, aussitôt dit, aussitôt fait, aussitôt lu... et oui vraiment il en vaut la peine. Ce pourrait être triste, et sans doute l'est-ce un peu mais pas seulement et loin de là... Car si le cancer est central dans ce roman, il est accompagné de plein de choses, d'humour, de joie, de livres, de poésie, de sarcasmes, d'Amsterdam, de champagne, d'amour enfin. Alors non, triste n'est pas le mot qui le dépeint le mieux, émouvant oui, triste non... plein de vie plutôt, une vie concentrée en un sens, resserrée autour d'une relation pétillante et d'une enquête littéraire (mais oui c'est là le pitch et je n'en dirai rien de plus, no-spoiler est mon deuxième prénom). On en sort un peu chamboulée, un peu tout chose avec les yeux humides mais un reste de sourire aux lèvres et beaucoup d'affection pour Hazel et Augustus. Lumineux !
Nos étoiles contraires - John Green - Nathan - 2013 - traduit de l'anglais par C. Gibert