Jean-Jean, petit employé du service de sécurtié d'un supermarché tentaculaire, se retrouve bien malgré lui - mais non sans raison - la cible d'une vendetta des plus sanglantes. En décidant de liquider toute sa famille toutefois, le quatuor d'hommes loups lancés sur ses traces avaient compté sans les deux femmes de sa vie - la légitime à l'adn joyeusement saupoudré de mamba vert et la convoitée plutôt loutre question génétique. Femmes peu commodes l'une comme l'autre...
Alors disons le tout de suite, ce bouquin est quand même bien barré. En soi ce ne serait pas un mal d'autant que le style est réjouissant et que la dénonciation au vitriol du libéralisme galopant à la sauce mercatique est tout ce qu'il y a de plus réussie, dans une tonalité gris glauque bien angoissante. L'intrigue - un rien longue peut-être à mettre en place - est plutôt bien menée dans le genre thriller sanglant et les personnages, quoique déprimés et déprimants, bien campés - mention spéciale pour les loups, effrayants comme dans un conte. Pourtant la sauce n'a pas pris et je me suis longuement demandé pourquoi. En fait, j'ai bien failli abandonner en cours de lecture alors que je trouve à ce roman des qualités objectives.
A la réflexion, je crois que c'est le langage qui m'a été indigeste. Il parait que l'auteur s'est longuement documenté pour rendre au mieux le langage des professionnels de la vente, et bien disons qu'en ce qui me concerne il a trop bien réussi. Je suis allergique à ce charabia - que j'entends déjà bien trop partout - alors à longueur de page et même pour en dénoncer le ronflant et le creux, c'est vraiment trop pour moi. Quant au côté désopilant vanté partout, j'y suis apparement insensible - j'y ai vu du cynisme et de la noirceur oui - un peu de facilité parfois, mais vraiment rien de drolatique... Ce monde - malgré quelques injections symboliques de gènes lupins ou reptiliens - ressemble bien trop au nôtre pour me faire rire. Allez, j'ajoute quand même un bonus pour pour le final, le coup d'ikéa (non je ne vous en dirais pas plus) après un final haut en couleur (non vous ne saurez rien) a réussi à me faire sourire (jaune). Sinistre !
Manuel de survie à l'usage des incapables - Thomas Gunzig - Au diable vauvert - 2013
Lecture commune avec Julie des Magnolias dans le cadre de son année de l'anticipation