Ma toute première expérience en matière de livre audio ayant été mitigée, j'ai, pour continuer mon initiation, mieux réfléchi à mes critères de choix. J'ai donc sélectionné un livre relativement court (moins de deux heures de lecture), jamais lu, d'un auteur que je découvre mais qui me plait de plus en plus et last but not least servi par une voix que je connais et apprécie. Car je l'avoue les voix sont très importantes, pour moi et celle d'Edouard Baer m'enchante donc...
Ensuite il a fallu choisir le lieu, j'en ai testé plusieurs, en conduisant (je n'apprécie pas), dans le métro (ça va mais les annonces couvrent parfois mon livre), dans mon lit (très agréable) mais ce que j'ai préféré c'est en marchant. Lancée, je pourrais faire des kilomètres en écoutant Edouard me lire Stefan, vous pouvez m'en croire. Quant à l'ouvrage lui-même, c'est un bijou bien sûr. Certes je m'y attendais, c'est l'une des oeuvres les plus célèbres de Zweig et je n'en avais eu que d'excellents échos mais autant le dire tout de suite, je ne fus pas déçue.
Deuxième guerre mondiale, Embarquant sur un paquebot à destination de l'Argentine, le narrateur apprend que le champion du monde d'échecs voyage à bord. Curieux il décide d'aborder cet homme qui a la réputation d'un rustre absolu, sans grand succès cependant jusqu'à ce qu'un autre passager offre de l'argent à ce dernier pour jouer une partie. Lors de cette rencontre, les choses tourneront tout autrement que prévu lorsqu'un discret spectateur se révèlera être un joueur de la trempe du maître...
Ici, je m'apperçois qu'il est extrèment difficile de résumer Le joueur d'échec, tant cette nouvelle est la perfection même dans sa concision. Et ce tant sur la forme, le style est une pure merveille, que sur le fond. Le récit que Monsieur B. fait des circonstances de sa conversion aux échecs, l'affrontement des deux joueurs, l'attitude des spectateurs tout, dans cette oeuvre coule de source, tout est chargé de signification, tout invite à la méditation. Zweig nous parle de guerre, d'oppression, d'impuissance, de renoncement, de solitude et de folie... tout ce qui le conduira quelques mois plus tard au suicide. Ce face à face de ces deux intelligence si différentes, l'une brillante et déliée, l'autre pragmatique et brutale sonne peut être comme une allégorie de la victoire du nazisme sur l'humanité mais garde une angoissante actualité. Magnifique !
Et si j'avais quelque appréhension, redoutant que l'audition m'empêche d'apprécier le style de l'auteur à sa juste valeur, Edouard Baer les a balayé de belle façon en mettant merveilleusement en valeur ce bijou. Une très belle expérience sur les deux plans.
Le joueur d'échec - Stefan Zweig - 1943 - Audiolib (que je remercie)