Comme je cherchais quel poème choisir en ce froid dimanche de novembre pour participer un rien aux beaux dimanches poétiques de Celsmoon, j'ai pensé tout à coup à Georges Fourest, un poète que j'aime d'amour et qui a été cité pas plus tard que l'autre jour par mon incompréhensible cousin chat, monsieur Libellus Lou... Et dans cettte oeuvre je crois que je vais sélectionner ce bijoux dédié par l'auteur lui-même à un dramaturge des plus célèbre me dit-on...
Va, je ne te hais point
Pierre Corneille
Le palais de Gormaz, comte et gobernador
est en deuil; pour jamais dort couché sous la pierre
l'hidalgo dont le sang a rougi la rapière
de Rodrigue appelé le Cid Campeador
Le soir tombe. Invoquant les deux saints Paul et Pierre
Chimène, en voile noirs, s'accoude au mirador
et ses yeux dont les pleurs ont brûlé la paupière
regardent, sans rien voir, mourir le soleil d'or ...
Mais un éclair, soudain, fulgure en sa prunelle :
sur la plaza Rodrigue est debout devant elle !
Impassible et hautain, drapé dans sa capa,
le héros meurtrier à pas lents se promène :
"Dieu !" soupire à part soi la plaintive Chimène,
"qu'il est joli garçon l'assassin de Papa !"
Georges Fourest (1867-1945)