Pourchassé par un gang qui a mis un « contrat » sur lui, un policier bostonien d’origine islandaise, Magnus Johnson, se retrouve bon gré mal gré consultant en « crime grave » pour la police de Reykjavik histoire de se mettre au vert. A peine arrivé, il se retrouve associé, au grand dam de ses homologues, à l’enquête sur le meurtre d’un professeur de littérature islandaise. Très vite le mobile parait tourner autour d’une saga inconnue, d'antiques manuscrits et d’acheteurs peu scrupuleux répondant à d’étranges pseudonymes tel qu’Isildur ou Gimli… Magnus se rend bientôt compte que des liens forts existent entre amateurs de saga et lecteurs de Tolkien et que les admirateurs du Seigneur des Anneaux sont beaucoup plus nombreux et pour certains beaucoup plus fanatiques qu’il ne l’imaginait…
Évidement avec un tel titre, un tel thème, de tels personnages (Isildur non mais vraiment !) ce roman ne pouvait que m’attirer mais fort heureusement il ne se limite pas à cela. Non seulement l’intrigue tient bien la route, intégrant des éléments historiques et littéraires sans jamais tomber dans l’excès ou la pédanterie. Mais de plus les personnages sont bien campés, les difficultés d’une double culture traitées avec subtilités et le cadre, disons exotique, de l’Islande actuelle, durement ébranlée par la « crise », exploité avec une certaine poésie. L’évocation des paysages désolés du Mordor m’est apparue évidente mais je ne pense pas qu’elle soit gênante pour qui ne connaîtrait pas le seigneurs des anneaux plus que cela. L’action est fluide, nerveuse, le contexte fascinant, un bon polar pour tous avec un zeste de Tolkien pour ceux qui aiment. Efficace !
Là où s’étendent les ombres – Michael Ridpath – 2010 – traduit de l’anglais par Paul Benita – First Editions
Un grand merci à Babelio et à l'opération masse critique...
PS : Le coup de la carte du sud-ouest de l’Islande façon Terre du milieu en frontispice, j’adore!
PPS : Les quelques allusions à la « liberté sexuelle » islandaise vue par « l’américain moraliste » sont les seuls moments qui m’ont fait lever les yeux au ciel pendant ma lecture… Rien de grave, du détail, mais ce genre de dédouanements bidons, limite colonial type ma tonkinoise, commence à être récurrent et m’agace un tantinet.
PPS : Je n'en ai rien dit mais il est beaucoup question d’un anneau. Non ? Si, et d’un volcan aussi… je vous laisse imaginer...