Peut-être que tout a commencé le jour où Sydney Orr, convalescent flageolant, est entré dans une papeterie pour acheter un carnet bleu, très solide, fabriqué au Portugal. Peut-être. C'est bien ce jour-là en tous cas, qu'il s'est remis à écrire, l'histoire d'un éditeur trentenaire qui quitte sa vie en emmenant un manuscrit avec lui, La nuit de l'oracle, récit des malheurs d'un homme affligé du don de prévoir l'avenir. Mais écrire n'est-ce pas justement influer d'une façon ou d'une autre sur nos actes à venir ?
Je pensais être définitivement fâchée avec Paul Auster, depuis ma piteuse expérience avec la trilogie new-yorkaise dont je garde un souvenir gluant d'ennui. Et bien non ! Je me suis laissé séduire par ce vertigineux exercice de style, emboîtement d'histoires gigognes dont les thèmes se répondent autour d'un écrivaillon en devenir, sous l'aura tutélaire d'un auteur vieillissant mais reconnu dont le nom se trouve être l'anagramme d'Auster. Une belle réflexion sur les liens que tissent, volontairement ou non, les auteurs entre les mondes fictifs de leurs oeuvres voire entre vie réelle et créations littéraires. Inspirant
La nuit de l'oracle - Paul Auster - 2003 - traduit de l'américain par Christine Le Boeuf pour Acte Sud - 2004
PS et non, je ne parle pas toujours de Tolkien... oups ça m'a échappé !