1910, 1950, 1990, trois époques, un lac, une maison, une famille... Sur les rives du lac Simon dans l'Outaouais, trois générations se croisent, trois histoires se tissent celle de Josaphat et Victoire qui se préparent à quitter la maison de leur enfance, celle d'Albertine et d'Edouard ce frère qu'elle ne supporte pas et enfin celle de Jean-Marc qui vient chercher dans la vieille maison de famille l'inspiration et peut-être autre chose aussi, une réconciliation avec lui-même ou avec l'idée même de famille... Sur cette galerie tiède et tranquille, alors que la lune se lève, un enfant passe, les secrets se révèlent, les adultes parlent...
Parler d'une pièce de théatre est bien compliqué d'autant que, dans La maison suspendue, les didascalies complètent et amendent les dialogues, obligeant le lecteur à imaginer les mouvement des personnages et les changements d'époque. Normal me direz-vous ? C'est possible, je lis peu de théatre habituellement mais Karine sait être persuasive surtout un livre dans chaque main : Non mais toi qui aime Tremblay, il FAUT que tu lises ses pièces, tiens je te prête celle-là et puis celle-ci... bon vous me direz que me convaincre de prendre un livre ne relève pas exactement de l'exploit. Me voici donc partie avec - entre autre, mais vous ne voulez pas TOUT savoir sur mes turpitudes livresques - mes deux pièces de Tremblay et peu après forcément, j'ai ouvert celle au joli titre. Je ne l'ai refermée qu'une fois terminée. Ce doit être un charme ou un sort, mais cette voix touche toujours juste avec moi. Pourtant le Joual n'est pas mon parlé maternel même si je l'entends parfaitement en lisant Trembay, mais tous ces personages me parlent, je les comprends, ils me fascinent, je les aime. Même Bartine me touche - fille maudite dont la rage et l'acrimonie prennent tout à coup une nouvelle signification. Car ces personnages, je les ai déjà croisés pour la plupart, dans les pages des chroniques du plateau - Josaphat le violon, Victoire la grand-mère, Gabriel, Bartine, Edouard, Marcel et son chat imaginaire, je les connais tous. Et leurs liens familiaux s'éclairent tout à coup, tandis que la populaire chronique familiale prend soudain des airs de tragédie antique. Résumons-nous, une langue magnifique, des secrets de famille, une ambiance à la fois truculente et poétique, mais qu'attendez-vous ?
La maison suspendue - Michel Tremblay - 1989 - Léméac
L'avis de Karine
Lu dans le cadre de la LC théatre de Québec en septembre
PS : Certains liens de famille sont élucidés dans les didascalies je me demande comment ils rendent ça sur scène. J'aimerais tellement la voir en vrai.