Est-il nécessaire de rappeler l'essentiel, un orphelin mal aimé et solitaire se voit offrir, le jour le ses onze ans, tout ce dont un enfant peut rêver, de la magie, la sensation d'être quelqu'un qui compte, un doudou vivant, des figures parentales, des amis, des ennemis, du poulet rôti à gogo et des montagnes de bonbons affolants que je rêve personnellement de goûter. (J'ai déjà mangé des dragées surprises de Bertie Crochue mais bien que certaines aient eu d'étranges saveurs, je les soupçonne de ne pas être totalement authentiques).
Pourquoi tant d'intérêt ? C'est difficile à définir, tout d'abord le cadre magique est ... magique! Tous nos rêves d'enfant y sont concentrés, alliés à de multiples allusions à toutes les mythologies possibles... Certes nul besoin de connaitre le nom d'Argus aux cents yeux pour détester Argus Rusard le concierge de Poudlard mais cela ajoute au plaisir. Parfois elles échappent même à ceux qui devraient savoir, cela éviterait à l'étranger qui vend touffu (Fluffy en anglais n'est-ce pas chou ?) à Hagrid de passer de nationalité grecque dans le livre à irlandaise dans le film... (Réellement un chien à trois têtes irlandais, est-ce bien raisonnable !). De plus ce monde est parfaitement logique et crédible, il tient la route, les différents aspects se répondent, se complètent et sont cohérents entre eux. J'ajouterai, bien que ce soit un peu mettre la charrue avant les boeufs, que cette cohérence se poursuit sur les sept tomes ce qui n'est pas le cas de toutes les séries, croyez-en une habituée. Un exemple parfait de la solidité de cet imaginaire est bien sûr le Quidditch, un jeu si parfaitement au point qu'on pourrait y jouer si seulement les balais voulaient bien voler. Mais après tout Dame Rowlings est anglaise et les anglais sont doués pour inventer des sports c'est bien connu. Et puis il y a les personnages bien sûr, enfants comme adultes, bien loin de la perfection, ils ont tous leur failles, leurs défauts, leurs insuffisances, ils évoluent aussi, profondément, autant avec l'âge qu'avec les épreuves, gardant suffisament de zones d'ombres et d'ambivalence pour que doutes et surprises perdurent tout au long des sept tomes. Je pense notamment au personnage de Drago Malefoy, beaucoup moins monolithique qu'on pourrait le craindre au départ. Quoi d'autres un style fluide, un brin d'humour, une touche d'ambiance so british, des clins d'oeil, de la magie, du mystère, un méchant d'envergure (de l'envergure de... mettons Darth Vader au hasard...), un rythme régulier qui suit celui de l'école... Que du bonheur à la lecture comme à la relecture.
Pour dire quand même un mot de ce premier tome précisément, je me suis rendue compte que je ne l'avais pas relu depuis bien longtemps et j'ai pris une immense plaisir à retrouver Harry, Ron et Hermione beaucoup moins matures, avec des préoccupations plus enfantines, plus scolaires et des plaisirs plus... alimentaires (incroyable la quantité de friandises qu'ils ingurgitent). Les autres personnages sont encore des inconnus mais pas pour nous bien sûr qui pouvons prendre grand plaisir à voir se dessiner les prémices de leur personalité ou de leur avenir. L'histoire se déroule sans heurts, nous permettant de faire connaissance avec le monde des sorciers tout en nous tenant en haleine, quelques jalons sont mis bien en place attendant de trouver leur utilité par la suite. un seul bémol la partie chez les Dursley s'étire un peu trop. D'habitude je la saute (ben oui ça fait partie des droits du lecteur non ?), cette fois je l'ai relu en entier. Elle est sans doute nécessaire mais quand même un brin longuette pour moi qui frétille à l'idée de retrouver le chemin de traverse...
Une chose en revanche que je remarque pour la première fois en lisant à la suite les versions anglaise et française. J'ai découvert des choses étranges dans la version française, non que le livre soit mal traduit, mais le traducteur a parfois (souvent) pris des raccourcis dont je ne m'explique pas l'utilité. Un exemple ?
Cette scène se place juste après que Harry ait conduit Ron devant le miroir du Rised.
The snow still hadn't melted next morning.
'want to play chess, Harry ?" said Ron.
"no"
"Why don't we go down and visit Hagrid?"
"no... you go..."
"I know what you're thinking about, Harry, that mirror. Don't go back tonight."
"Why not?"
"I dunno, I've just a bad feeling about it - and anyway, you've had too many close shaves already. Filch, Snape and Mrs Norris are wandering around. (...)"
Le lendemain matin, la neige n'avait toujours pas fondu.
_ On fait une partie d'échec ? proposa Ron.
_ Non, répondit Harry
_ Je sais à quoi tu penses... Le miroir c'est ça ? N'y retourne pas cette nuit.
_ Pourquoi ?
_ C'est trop risqué. Rogue, Rusard et Miss Teigne n'arrêtent pas de se promener dans les couloirs. (...)
Alors c'est moi, ou il y a un raccourci ? Il est vrai que c'était le premier...
PS : Je vous fait un billet sur le film (que j'aime bien) cette semaine sans faute...