Dans une Barcelone à mi-chemin entre réalité et onirisme, quatre personnages étranges voire dangereux vont se retrouver autour de la poésie, des livres, d'un ange aux rites cruels et d'un projet littéraire à la limite de l'iconoclaste.
Enigma est le second roman d'Antoni Casas Dos, malgré une première expérience peu convaincante avec son Théorème d'almodovar, je n'ai pu résister à l'intrigant billet de Ys et bien m'en a pris car j'ai beaucoup aimé celui-ci.
Les personnages tout d'abord m'ont séduite, trop beaux trop lisses pour être réalistes, ils révèlent peu à peu leur véritable nature à moins que ce ne soit leur fonction, se fondant ou se confondant avec les personnages d'autres romans dans un emboitement littéraire réjouissant qui les conduira au delà de toutes limites. La langue ensuite précise et limpide, hormis quelques envolées lyriques, fait magnifiquement écho aux poèmes et citations qui hantent ces pages. Le décor enfin, une Barcelone nocturne, secrète, redoutable et puis les livres, toujours les livres, omniprésents à chaque étape de cette intrigue, en filigrane de chaque décor. Tout ce roman s'avère en fait une très belle déclaration d'amour aux personnages littéraires, dérangeante par certains aspect, étrange sans aucun doute mais que j'ai trouvé fascinante.
Enigma - Antoni Casa Ros - 2010 - Gallimard
Les avis de Ys, donc, que je remercie pour ce prêt et celui enthousiaste de Leilonna.
"J'avais confiance. Je savais qu'il était impossible qu'une telle passion pour l'écrit ne se mue pas un jour elle-même en littérature. Je connaissais déjà la joie de sentir des lignes pures émerger de ma chair tout entière. Je connaissais aussi l'amertume, la tension, la frustration lorsque rien ne venait. La lecture était pour moi un usage des simples qui me reliait aux mots en me libérant de la frustration. J'étais un écrivain en devenir. Chaque instant de ma vie était envisagé comme une préparation à ce moment. J'implorais l'univers, je lui criais : je suis prête, que les mots pleuvent, que les idées coulent sur mon corps, je suis ouverte à tout, je veux bien me promener nue dans la ville si les mots pleuvent (...) Noircir des milliers de pages pour rien. tenter mille fois de toucher le mystère des choses. Décrire les événements les plus infimes. Exercer mon regard à entrer sous la peau, jusqu'à toucher le sang, les nerfs, le coeur."