"Je" parce que le récit est entièrement à la première personne ! Maître François Villon nous conte sa vie depuis son premier souffle jusqu'à sa disparition des annales. Car l'auteur a respecté la part de mystère, la mort de Villon reste une inconnue - vers la trentaine il disparait des écrits officiels ou autres et nul ne sait ce qu'il en advint. Ces trente années dont quelques bribes sont arrivées jusqu'à nous forment la trame de ce conte cruel et fascinant sans concession mais sans complaisance non plus où la mort, l'horreur et la joie se conjuguent à chaque page.
Dans un langage étonnant, fusionnant avec la poésie et le ton inimitable de Villon, Jean Teulé tisse autour de son personnage une étonnante biographie où se mèlent intimement réalités historiques, hypothèses bien étayées et licences romanesques vraisemblables. Il redonne vie pour nous à un homme étrange, attachant, fuyant, mené par ses passions, dépassé par sa légende, essentiellement libre et devenu témoin de son siècle en transcrivant sa vie, sa souffrance, l'appel de l'abîme en vers inoubliables. Et qu'importe s'ils furent traduits en français modernes, leur force est intacte quel que soit le siècle.
Le Paris du XVe palpite de nouveau sous nos yeux, cruel, turbulent, joyeux avec sa faune de petite gens et de puissants tous guettés au tournant par le sort mais l'acceptant et continuant. Un regal dans un style unique où on ne sait quand s'arrête Teulé pour faire place à Villon... une pure merveille !
Je, François Villon - Jean Teulé - Julliard - 2006
L'avis de Thom qui m'a donné envie de lire ce livre, de plus Jean Teulé est à l'honneur chez les chats en ce moment
- Je meurs de soif auprès de la fontaine
- Chaud comme le feu, je claque des dents
- En mon pays, je suis en terre étrangère
- près d'un brasier, je frissonne tout brulant
- nu comme un ver, vêtu en président
- je ris en pleurs et attends sans espoir
- Je me réconforte au fond du désespoir
- je me réjouis sans trouver le moindre plaisir
- je suis puissant et n'ai force ni pouvoir
- Bien accueilli, rejeté par chacun