
Sept ans plus tard, étudiant en droit, le jeune homme retrouve son Hanna sur le banc des accusés lors d'un procès de crime contre l'humanité. Partagée entre fascination et dégoût, il suivra jour après jour tous les détails des audiences, regardant sans intervenir Hanna se défendre bien mal contre les accusations portées contre elle, non seulement par ses accusateurs mais aussi par ses coaccusées. Pourtant il pense avoir découvert le secret qui domine et explique sans l'excuser toute la destinée de cette femme. Une femme qui fera, à jamais, partie de sa propre vie.
Tout le monde a entendu parler du liseur, entre le succès du livre et l'adaptation récente avec Kate Winslet et Ralph Fiennes, que je suis bien marrie d'avoir ratée soit dit en passant, je suis probablement une des dernières personnes au monde à le lire. Oui j'exagère un peu mais c'est dans ma nature. Quoiqu'il en soit je ne regrette pas d'avoir exhumé cet ouvrage de mon innommable pal où il mijotait depuis des mois, peut être des années.
Le roman est divisé en trois parties, l'aventure, le procès, la vieillesse. Cette construction évite toute ambiguïté et, alliée à l'écriture sobre et précise de l'auteur, rend ce roman diablement efficace. On entre dans cette histoire sans s'en rendre vraiment compte et en un rien de temps on est bousculé et confronté aux interrogations dérangeantes des personnages. Des personnages étonnamment vivants d'ailleurs car il n'y a guère d'empathie dans ce livre, pas de pathos et guère de sentiment. On ne s'attache pas à Michael et Hanna, pas plus qu'on ne les déteste, ils existent, réagissent, choisissent, vivent enfin sous nos yeux. Car c'est bien de cela qu'il est question, de choix, de honte, de libre-arbitre et plus que tout de culpabilité. Pas tant de culpabilité directe d'ailleurs, même Hanna ne songe pas à se disculper de ce qu'elle a fait, plutôt de culpabilité collatérale si j'ose dire, celle des témoins, celle des survivants, celle des héritiers enfin, toute une génération d'allemands dans la position peu enviable de juger leurs parents. Sans concession, sans réponse facile, un beau roman !
Le liseur (der Vorleser) - Bernhard Schlink - 1995 - Folio
Les avis de Ys, Lilly, Karine, Levraoueg, Keisha ...
