Un bel et bon arrangement qui malheureusement n'a pas l'heur de plaire au-dit Maître, jeune homme séduisant et talentueux mais violent, manipulateur et libertin qui préfère de loin l'aventure jacobite. Il part donc abandonnant le domaine à son frère, Henri, jeune homme bon et honnête mais renfermé et peu populaire. La bataille de Culloden met bientôt fin à la rebellion et le Maître est présumé mort mais son ombre continue de hanter étrangement le domaine des Durrisdeer...
Dans ce roman, pourtant assez court, Stevenson réussit le tour de force de conjuguer avec une rare maîtrise, les sources d'inspiration qui ont fait le succès de deux de ses précédents chef d'oeuvres, l'île au trésor et de l'étrange aventure du dr Jekyll et de Mr Hyde, ciselant un roman aux multiples facettes ajustées au millimètres. A la fois roman d'aventures fourmillant d'actions, de pirates sanguinaires, d'indiens hostiles et de contrée sauvages, roman psychologique jouant sur le double néfaste à travers deux frères aux caractères diamétralement opposés, roman d'atmosphère glaçant où l'on voit les personnages s'engluer dans une situation infernale tissée d'orgueil, de non-dit et de mensonges, conte quasi-fantastique enfin dans la façon dont le narrateur mets en scène son involontaire fascination pour le Maître, son intelligence, sa force et sa noirceur absolue et contagieuse.
A cette construction rigoureuse au rythme enlevé s'ajoute la prose de Stevenson, étonnament visuelle, puissante, aussi élégante que précise avec ce zeste d'extravagance dans l'adjectif qu'on retrouve à des degré divers chez d'autres "aventuriers" anglais de l'époque tels Henri Rider Haggard ou Arthur Conan Doyle. Un must !
Le maitre de Ballantrae - Robert Louis Stevenson - 1889
L'avis d'Isil, de Tamara ...