
J'ai déjà dans le passé écrit un long billet pour clamer à la face du monde et des blogs mon admiration pour Robert Van Gulik et son juge Ti qui ont su comme personne nous faire voyager dans la Chine du VIIe siècle. Or il se trouve que c'est une chose que je partage avec Thom et mon estimé frère en blog et moi-même avons décidé cet été de relire toutes les aventures dudit juge en parallèle. Voilà, comme ça, une idée, une pulsion... tranformée en Golden Challenge. Nous les relisons dans l'ordre et nos billets paraitront, si Tolkien le veut, en même temps.
Commençons donc cette revue de détail par Trafic d'or sous les Tangs, première aventure du juge Ti lors de sa toute première prise de poste en tant que magistrat de district. En fait il semble que ce soit le quatrième juge Ti écrit par Van Gulik, mais chronologiquement c'est bien le début de la série. Au départ le diplomate sinologue qui écrivait pour le relaxer entre deux tâches plus absorbantes (dixit !) pensait écrire un ou deux romans. Devant un succès auquel il ne s'attendait pas, il décida un peu plus tard de mettre en scène les débuts de son héros.
Sous les Tangs les magistrats remplissaient des fonctions très étendues, responsables aministratifs, enregistrement des naissances, morts, mariages, héritages, ils étaient également chargés du maintien de l'ordre. Pour cela ils avaient à la fois compétences de police, menant les enquêtes et instruisant les affaires, et compétences juridiques présidant les procès, prononçant les condamnations et procédant à l'exécution des sentences. Les enquêtes du juge Ti couvrent donc en général toutes les étapes d'une ou plusieurs affaires jusqu'à l'exécution des sentences, à moins que le crime soit assez grave pour que des autorités plus haut placées prennent les choses en main ce qui arrive parfois. Normalement les magistrats étaient mutés tous les deux ou trois ans. Après quelques postes les plus efficaces étaient promus, d'autres pouvaient rester juge de district toutes leur vie
Ti Jen Tsie a donc une trentaine d'année lorsqu'il arrive à Peng lai, première étape d'une carrière qu'il espère florissante mais surtout l'occasion de mettre à l'épreuve ses connaissances sur des hommes et non sur ce qu'il appelle lui même de la paperasse. Plusieurs affaires s'imposent à lui et s'entrecroisent. En l'espèce il s'agit de meurtres, dont celui de son prédécesseur, de contrebande d'or, de disparitions inexpliquées, d'attaques de Tigres et de troubles frontaliers avec la Corée récemment envahie...
L'autre point positif à mettre au crédit de ce tome-ci est plus personnel je pense. Notre juge y fait en effet la rencontre de deux chevaliers des vertes forêts, des bandits de grands chemins pour parler clair, qui vont devenir ses "fidèles lieutenants", personnages récurrents de la série, et pour lesquels j'ai un faible.
Une belle intrigue, des personnages attachants, un décor aussi fidèle historiquement que dépaysant... Voilà, c'est du Van Gulik !
Trafic d'or sous les Tangs - Robert Van Gulik - 1959 - Traduit de l'anglais par Roger Guerbet - 10/18
Chronologie des enquêtes du juge Ti par Robert Van Gulik (publiés chez 10/18)
Le juge Ti est née en 630 à Tai-yuan, province de Chan-si. il y passe avec succès ses examens littéraires et devient fonctionnaire. Après quelques années passées dans la capital Tch'ang-ngan, il est nommé magistrat provincial en 663. Voici la liste de ses enquêtes :
En poste à Peng-lai (proche de la frontière coréenne) : "Trafic d'or sous les T'ang", "Le paravent de laque" (en voyage)
En 666, il est nommé à Han-yan : "Meurtre sur un bateau de fleur", "Le matin du singe" dans "le singe et le tigre", "Le monastère hanté"
En 668, il est nommé à Pou-yang : "Le squelette sous cloche", "Le pavillon rouge"(en voyage), "La perle de l'empereur", "Le collier de la princesse" (en voyage), "Assassins et poètes" (en voyage).
En 670, il est nommé à Lan-fang : " Le mystère du labyrinthe", "Le fantôme du temple"
En 676 il est nommé à Pei-tchéou : "L'énigme du clou chinois", "La nuit du tigre" dans "Le singe et le tigre"
En 677, il devient président de la cour métropolitaine de justice et s'installe dans la capitale : "Le motif du Saule" "Meurtre à Canton"
Il meurt en 700
A ces titres il faut ajouter deux recueils de nouvelles "trois enquêtes résolues par le juge Ti", et "Le juge Ti à l'oeuvre" et pour clore le tout "Van gulik : sa vie son oeuvre" Wetering 10/18 1987.