
Les personnages de Saki répondent exactement à ce canevas. Aux prises avec les multiples aléas d'une vie si anglaise, train raté, hyène échappée, marâtre insupportable ou même bombe anarchiste, ils réagissent immuablement par un haussement de sourcil, une tasse de thé avec un nuage de méchanceté et une bonne dose d'humour noir. En les faisant évoluer, l'auteur nous restitue avec une férocité joyeuse les moeurs d'un monde aujourd'hui disparu. La façon dont il met en scène l'enfance notamment oscille entre dérision et angoisse pure.
Ces nouvelles extrèment courtes, trois ou quatres pages, pourraient tourner à l'anecdote mais Saki excelle à camper situations et caractères en trois traits de plumes aussi acérés que percutants. Et je me suis surprise à pouffer de rire, avec un rien de culpabilité quand même, devant une galérie de portrait décapants. Drôle, cruel, étonnant !
Gaëlle en parle ici et c'est ainsi que j'ai eu envie de le lire...
Fenêtre ouverte - Saki - 1911 - traduit de l'anglais par Jea Rosenthal - 10/18